L'association Sophie aime, fondée autour des musiciens du Bruit du [sign], organisait du 1er au 4 juin un mini-festival destiné à présenter quelques groupes "coup de coeur" du collectif. J'y suis allé le vendredi soir pour les concerts de NHOG et des Attracteurs Etranges, deux trios aux esthétiques assez éloignées, mais à la belle musicalité. En première partie, NHOG proposait un ensemble clarinettes / guitare / contrebasse avec, respectivement, Nicolas Naudet, Stéphane Hoareau et Théo Girard. Une musique qui n'était pas à proprement parlée jazz, même si pas totalement éloignée d'une certaine esthétique européenne abreuvée de musiques traditionnelles recrées librement. L'absence d'élément percussif dans le trio donne à entendre une musique basée sur le susurrement et la mise en avant de la mélodie, souvent aux couleurs méditerranéennes. On se laisse facilement bercer par la douceur du voyage proposé par trois musiciens conscients des alliages de timbres chaleureux que proposent leurs instruments. Ils ont un site sur lequel on peut écouter quelques morceaux.
La seconde partie était l'oeuvre d'un groupe que j'avais envie d'entendre depuis quelques mois. Composé de Sylvain Cathala (Print) au sax ténor, Sarah Murcia (Magic Malik, Caroline) à la contrebasse et Christophe Lavergne (Thôt) à la batterie, il propose une musique plus nerveuse que leurs prédécesseurs, bien ancrée dans l'esthétique m-baso-haskienne. La particularité du groupe, au sein de cette tendance essentielle du jazz contemporain, tient sans doute à l'attachement de la section rythmique à l'élément chantant. Sylvain Cathala laisse ainsi souvent ses deux acolytes dialogués seuls, dans des passages bien loin de se contenter d'une démonstration de maîtrise rythmique. Le drumming coloriste de Christophe Lavergne seconde parfaitement les lignes de basse souples et chantantes de Sarah Murcia, particulièrement dans son élément dans ce groupe à la dimension réduite. Ce à quoi on ne fait pas forcément attention quand elle accompagne Magic Malik ou, plus récemment, Steve Coleman, prend ici une toute autre dimension, qui nous rappelle que son univers ne se limite pas au langage jazz et qu'elle collabore souvent avec des artistes plus attachés au format chanson. Quand il empoigne son saxophone, Sylvain Cathala introduit une dose d'énergie qui semble avancer inéluctablement, comme pour donner une nouvelle dimension, à travers plus de profondeur, à la musique du groupe. Dans de longues plages brûlantes, il laisse entrevoir l'influence de Steve Coleman, mais adaptée à un contexte rythmique différent. Un groupe à aller voir et/ou revoir.
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