lundi 5 juin 2006

Joëlle Léandre & François Houle @ Les 7 Lézards, samedi 3 juin 2006

J'avais au départ prévu d'aller au concert d'Itaru Oki à la Maison de la Culture du Japon, mais le superbe match de Paul-Henri Mathieu contre Rafael Nadal en a décidé autrement. J'ai donc dû me réorienter vers un concert à l'horaire plus adéquat (22h) et ai donc atterri aux 7 Lézards pour un duo entre le clarinettiste canadien et la toujours réjouissante contrebassiste française. Je ne sais pas ce qu'a donné le concert nippon, mais je ne regrette pas ce changement de programme. En l'espace d'1h30, les deux musiciens nous ont donné une leçon de musique et de musicalité, au service d'une grande liberté d'esprit, bien loin des clichés du free. François Houle avait deux clarinettes, dont l'une bouchée. Il les démontait parfois pour ne jouer qu'avec la moitié haute ou la moitié basse, voir sans le pavillon ou sans le bec. Pourtant, il ne faudrait pas voir là le fruit d'une démarche excessivement bruitiste. Le jeu de mécano autour de ses clarinettes permettait surtout de varier les sonorités, parfois proches de celles d'une flûte de roseau orientale, à d'autres moments tirant plus vers les cuivres bouchés. Joëlle Léandre, quant à elle, n'était pas non plus dans l'aspect le plus destructuré de son jeu. Elle inventait des phrases, à l'archet ou en pizzicatti, qui cherchaient un contraste permanent avec le jeu du clarinettiste. Des graves profondément émotionnels quand François Houle se faisait espiègle, un ludisme pointilliste quand le Canadien jouait sur le souffle long et les modulations de celui-ci offertes par ses instruments, d'amples et belles mélodies quand son complice d'un soir se faisait rythmicien, et inversement. Les deux musiciens nous ont aussi chacun gratifié d'un solo au cours du concert, où ils construisaient point après point leur discours, cherchant leur inspiration au-delà des schémas pré-établis. Deux rappels, dont l'un typique de Joëlle Léandre avec force chant lyrico-ludique allant jusqu'à faire rire gaiment François Houle, ont conclu cette belle soirée. Pas la première fois que je voyais Joëlle Léandre, mais sans doute l'une des plus belles prestations de sa part à laquelle j'ai assisté.

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