dimanche 29 avril 2007
Pierre de Bethmann Illium Septet @ Sunset, samedi 28 avril 2007
L'ex-pianiste de Prysm s'aventure en terres électriques depuis déjà quelques années à la tête de son groupe Illium. Alors que sort son troisième album avec cette formation (Oui, chez Nocturne), le quintet devient septet par l'adjonction du sax alto de Stéphane Guillaume et surtout du chant de Jeanne Added. La musique gagne en ampleur avec désormais trois souffles vitaux (le ténor de David El-Malek et les deux sus-cités) qui s'entrelaçent avec délices sur la puissante rythmique formée par Franck Agulhon (dms), Vincent Artaud (cb) et Michael Felberbaum (g). Les solos les plus flamboyants, et les plus nombreux, sont le fait du leader, qui intervient uniquement au rhodes. Il a un sens de l'engagement total dans sa musique qui fait plaisir à voir et à entendre. Les rapides chapelets de notes qu'il égrenne dans un élan très groovy, dans des passages justes appuyés par la rythmique, donnent naissance à des tourneries incontrôlables qui impressionnent. Les solos des saxophonistes sont moins indispensables. On les préfère nettement dans les passages en tutti, qui révèlent une écriture complexe et pourtant terriblement plaisante. Et puis, il y a les incantations de Jeanne Added qui donnent une épaisseur supplémentaire à cette musique, dans ses interventions solitaires comme dans les moments à sept. Une belle confirmation pour l'une des plus intéressantes chanteuses de la scène jazz parisienne, déjà repérée dans le Bruit du [sign] ou aux côtés de Vincent Courtois.
Grupa Palotaï @ Studio de l'Ermitage, mercredi 25 avril 2007
Cela faisait quelque temps (un an ?) que je ne les avais pas vus sur scène. Ce qui commençait à faire beaucoup pour un groupe déjà vu un certain nombre de fois ces trois-quatre dernières années. La sortie de leur troisième album (Singapore, chez BMC) était un excellent prétexte pour y replonger. Les nouveaux morceaux ont un caractère plus ostensiblement pop, mêlant rock circus et jazz cartoon. On y croise des cowboys de BD et des samouraïs à la Tarantino. L'influence downtown des débuts laisse désormais une large place à une esthétique festive très française, qu'on retrouve chez Rigolus ou le Sacre du Tympan (Thomas de Pourquery et Rémi Sciuto tiennent toujours les saxos). Far West et extrême-orient comme horizons imaginaires, avec toujours un ancrage réel dans les mélodies de la Hongrie natale de Csaba Palotaï. Et en rappel une superlative version d'Esperanto Expresso avec des solos de Rémi Sciuto et de Csaba inoubliables.
Dave Douglas Keystone Sextet @ New Morning, lundi 23 avril 2007
Le trompettiste américain s'aventure en terrain groove avec Gene Lake (ex-Five Elements) à la batterie, Brad Jones à la basse, Adam Benjamin aux claviers, Marcus Strickland au ténor et DJ Olive aux platines. On est loin des ambiances chambristes habituelles de Dave Douglas. Semi-déception lors du premier set : j'étais trop sur le côté et le son n'était pas idéal, avec des cuivres prenant trop le pas sur la rythmique. Après recentrage à la pause, le deuxième set a en revanche été très prenant. Un groove implacable, juste perturbé ce qu'il faut par les effets du clavier et des platines, et le phrasé magnifique du leader par dessus. Une musique puissante, engagée et engageante, sur un répertoire entièrement renouvelé par rapport au disque du groupe sorti en 2005. Un son très new-yorkais, qui allie dans un même élan le goût de la danse et l'exigeance d'une écriture finement ciselée. Il fallait bien quelqu'un de la trempe de Dave Douglas pour habiter pleinement une musique si ambitieuse et accessible.
mercredi 18 avril 2007
Abdullah Ibrahim @ Cité de la Musique, mardi 17 avril 2007
Le pianiste Sud-Africain se produisait hier soir en solo dans la belle salle de la Villette. Grande générosité musicale (deux longues suites d'une heure chacune plus un rappel fourni) et sens de l'espace, du temps et de la respiration allaient de paire. La maîtrise de la lenteur, du silence et des harmonies majestueuses, donnaient un caractère particulièrement spirituel à ses compositions, enchaînées les unes aux autres. Quand la main gauche entamait les changements d'harmonies, signes d'un passage de témoin d'un morceaux à l'autre, la main droite poursuivait les variations autour de la mélodie initiale. Éternels retours, notamment du délicieusement mélancolique Blue Bolero, au cours des plus de deux heures de concert. Citations également, en forme de clin d'œil à Monk, de source constamment renouvelée à la fontaine de jouvence du Duke. Mélodies populaires du pays zoulou, qui chantent l'espoir et respirent la paix retrouvée, comme une aube naissante sur les grandes étendues majestueuses de l'Afrique australe. Tourbillons au ralenti dans ce jeu aux multiples miroirs et reflets à la teinte décidément très bleue. L'esprit se perd, se retrouve soudainement en un lieu familier, voyage. Pour finir apaisé, convaincu d'avoir touché du doigt ce que les sages appellent la sérénité.
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