Lundi soir, la Dynamo de Banlieues Bleues accueillait trois groupes norvégiens produits par le label Rune Grammofon. Pourtant, la raison de ma présence se résumait à un seul et unique nom : Arve Henriksen, le trompettiste de Supersilent. S'il y a un concert que je regrette d'avoir manqué cette année, c'est le duo qu'il a joué avec le pianiste Jon Balke au Châtelet en seconde partie de Masada. De plus, ses deux disques publiés sous son nom (en solo et en trio) sur Rune Grammofon sont pour moi parmi les bijoux de ma cédéthèque. Je ne pouvais donc pas ne pas être à Pantin cette fois-ci. Mais, avant la prestation de Supersilent, deux autres groupes se sont présentés à nous sur scène.
La soirée a commencé par le concert de Susanna & the Magical Orchestra. Comme le nom du groupe l'indique, la chanteuse se nomme Susanna Karolina Wallumrød. Comme le nom l'indique un peu moins, il s'agit en fait d'un duo entre cette chanteuse et le pianiste Morten Qvenild (qui joue plus souvent des claviers électriques que du grand piano). Entre pop, folk et electronica minimaliste, c'est le genre de musique branchouille qui se mue dans une esthétique bohème-chic qui plait à Libé et aux Inrocks. En ce qui me concerne, je trouve qu'elle accumule plutôt les clichés d'une certaine esthétique scandinave trop lancinante qui se complait dans l'immobilisme et les ambiances "paysagesques". D'après ce que j'ai pu en lire, le groupe reprend essentiellement des morceaux de pop mais, ma culture en la matière étant proche de zéro, je n'ai reconnu qu'une seule chanson, le Hallelujah de Leonard Cohen. C'est vrai que ça ne devait pas m'aider à apprécier le concert ! La voix de la sirène rousse, avec quelques intonations qui font penser à Björk sans les effets extravagants, est loin d'être désagréable, mais le jeu de son complice sombre bien souvent dans une platitude désolante à coup de nappes d'orgue et de suspension de la dernière note trop souvent entendues. Bref, je suis loin de partager l'enthousiasme d'une certaine presse à leur sujet.
La deuxième partie de la soirée était l'occasion de découvrir le trio piano-basse-batterie In The Country, avec le batteur Pål Hausken, le contrebassiste Roger Arntzen et... encore le pianiste Morten Qvenild, malheureusement. On restait alors dans des ambiances évanescentes, à la construction trop explicite, autour de lents crescendos se voulant cinématographiques. Une sorte de sous-E.S.T., qui n'en aurait retenu que la formule, sans le sens de la surprise ni l'amplitude du jeu de Svensson au piano. Au secours !
La soirée allait-elle être sauvée par Supersilent, groupe étendard de Rune Grammofon, et la présence en son sein d'Arve Henriksen ? En partie, oui, heureusement. Même si je continue de préférer le trompettiste dans ses projets solitaires, la musique proposée par Supersilent avait heureusement une autre gueule que celle de ses deux prédécesseurs sur scène. Outre Henriksen à la trompette (mais aussi à la batterie), le groupe est composé de Ståle Storløkken aux claviers, de Jarle Vespestad à la batterie et de Helge Sten aux "audio virus". Le groupe joue sur les contrastes entre les influences zen d'Arve Henriksen à la trompette (Jon Hassell et les musiques japonaises traditionnelles en tête) et une esthétique bruitiste où jeux de batteries et éléments électroniques tissent un fatras touffu aux rythmes peu habituels. A travers trois longues suites aux climats changeants, les quatre musiciens de Supersilent ont réussi à démontrer de manière convaincante que la Scandinavie musicale ne se résumait heureusement pas à ses clichés post-Garbarek électro-folk.
samedi 18 novembre 2006
samedi 4 novembre 2006
Mohammad Jimmy Mohammad / The Ex @ Point Ephémère, mercredi 1er novembre 2006
Mercredi soir, au Point Ephémère, l'affiche ressemblait à une séance de rattrapage pour ceux qui avaient loupé la soirée de clotûre de la dernière édition de Banlieues Bleues. On retrouvait en effet sur la scène de la salle des bords du canal Saint-Martin deux des trois groupes présents à Bobigny en avril dernier. Tout d'abord le trio du chanteur éthiopien Mohammad Jimmy Mohammad, mais sans Han Bennink, suivi des Néerlandais de The Ex, mais réduit à leur formule nucléaire de base (chant, guitare, basse et batterie).
Je n'ai pas grand chose à ajouter sur la première partie par rapport à mon compte-rendu d'il y a quelques mois. Ce n'est pas le genre de musique qui évolue d'un concert à l'autre, mais il n'empêche que c'est vraiment fantastique - notamment par cette alliance de dépouillement instrumental et de force hypnotique des rythmes déployés. Juste accompagné par un joueur de krar (lyre traditionnelle éthiopienne) et un percussionniste à la tête de tambours rudimentaires, le chanteur aveugle déploie des merveilles de groove lancinant à l'aide de sa voix de miel. Comme la dernière fois, le public qui dans sa majorité ne semblait pas connaître ces musiciens auparavant a été fasciné et s'est laissé entraîner sur les terres de cette musique traditionnelle de la corne de l'Afrique, assez éloignée en apparence des fulgurances punk de The Ex.
La seconde partie était elle en revanche assez différente du concert d'avril. Sans invité, recentrés sur les quatre membres permanents du groupe, The Ex ont proposé un concert dans une pure veine punk-rock. De l'énergie brute, sauvage, aiguisée par les riffs de guitare entêtants, mais nuancée - différence notoire par rapport aux canons du genre - par le drumming fort varié et chaloupé de Katherina à la batterie. Connaissant plus The Ex par leurs multiples collaborations avec des instrumentistes adeptes des musiques improvisées que par leur propre carrière, j'étais un peu en territoire inconnu, au milieu d'un public beaucoup plus rock que ceux auxquels je me joins d'ordinaire. Néanmoins, le contraste de la brutalité et de la recherche mélodique toujours sous-jacente propose une certaine définition de la beauté à laquelle je ne suis pas insensible.
Je n'ai pas grand chose à ajouter sur la première partie par rapport à mon compte-rendu d'il y a quelques mois. Ce n'est pas le genre de musique qui évolue d'un concert à l'autre, mais il n'empêche que c'est vraiment fantastique - notamment par cette alliance de dépouillement instrumental et de force hypnotique des rythmes déployés. Juste accompagné par un joueur de krar (lyre traditionnelle éthiopienne) et un percussionniste à la tête de tambours rudimentaires, le chanteur aveugle déploie des merveilles de groove lancinant à l'aide de sa voix de miel. Comme la dernière fois, le public qui dans sa majorité ne semblait pas connaître ces musiciens auparavant a été fasciné et s'est laissé entraîner sur les terres de cette musique traditionnelle de la corne de l'Afrique, assez éloignée en apparence des fulgurances punk de The Ex.
La seconde partie était elle en revanche assez différente du concert d'avril. Sans invité, recentrés sur les quatre membres permanents du groupe, The Ex ont proposé un concert dans une pure veine punk-rock. De l'énergie brute, sauvage, aiguisée par les riffs de guitare entêtants, mais nuancée - différence notoire par rapport aux canons du genre - par le drumming fort varié et chaloupé de Katherina à la batterie. Connaissant plus The Ex par leurs multiples collaborations avec des instrumentistes adeptes des musiques improvisées que par leur propre carrière, j'étais un peu en territoire inconnu, au milieu d'un public beaucoup plus rock que ceux auxquels je me joins d'ordinaire. Néanmoins, le contraste de la brutalité et de la recherche mélodique toujours sous-jacente propose une certaine définition de la beauté à laquelle je ne suis pas insensible.
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