samedi 30 septembre 2006

Yaron Herman Trio @ La Fontaine, vendredi 29 septembre 2006

J'étais hier soir pour la dernière fois à la Fontaine. Yaron Herman s'y produisait en trio avec Stéphane Kerecki à la contrebasse et Fabrice Moreau à la batterie. Je suis arrivé au cours du premier set, j'ai donc manqué les deux nouvelles compositions du pianiste, écrites cette semaine, par lesquelles il a entamé la soirée. Le temps de s'acclimater à la chaleur tropicale qui régnait dans la salle et d'entrer dans le foisonnement musical qui sortait du piano, la fin du premier set aura plus servi à se mettre dans l'ambiance qu'autre chose. Mais, après une petite bière réparatrice entre les deux sets, place à l'écoute attentive.

Le piano droit avait été décollé du mur auquel il fait d'ordinaire face, ce qui permettait une meilleure résonnance qu'à l'accoutumée. Disposés en triangle, les trois musiciens pouvaient ainsi se voir sans avoir à tourner la tête dans tous les sens. Le jeu de Yaron Herman est en perpétuelle évolution, absorbant les influences pour les recracher avec une élégance du toucher qui n'a que peu d'équivalents. Hier soir, il y a eu des phrases influencées par le piano stride, des délicatesses "jarrettiennes", un jeu de percussion sur le cadre du piano, un doux passage à la flûte de roseau, des élans romantiques au chant contagieux, tout cela dans le plus pur "style Yaron Herman", c'est à dire avec une maîtrise de la tension permise par sa science exacerbée du rubato. Le deuxième morceau, qui commençait par le passage à la flûte, était particulièrement délicieux, pareil au déroulement cinématographique d'un calme paysage matinal. A la batterie Fabrice Moreau, avec son jeu "percussif", apportait des sons originaux, parfois un peu métalliques, qui prolongeaient à merveille la dimension rythmique du jeu du pianiste.

Cette tristement joyeuse cérémonie d'adieu à un lieu qui l'aura vu éclater au grand jour s'est achevée par un fort joli moment. Le trio a en effet été rejoint par Alexandra Grimal au sax ténor pour un morceau à la sensibilité exacerbée. Ces deux grands absorbeurs de styles, à la palette expressive très large, ont proposé une musique brûlante, tout en dérapages contrôlés, engagée mais toujours musicale. Une collaboration qui leur donnera peut-être des idées pour la suite...

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