vendredi 15 septembre 2006

Fastival Grands Formats @ Trabendo, jeudi 14 septembre 2006

Hier avait lieu au Tranbendo la première soirée du festival Grands Formats, qui se poursuit jusqu'à dimanche (allez-y !). Au programme, comme chaque soir, trois formations qui proposent un panorama diversifié du jazz en "grand format" se sont succédées sur scène.

Le concert a commencé par la prestation de Diagonal du pianiste Jean-Christophe Cholet. Ce groupe, formé à partir de l'ex-Odéjy (Orchestre Départemental de Jazz de l'Yonne), se compose de dix musiciens, dont une bonne moitié m'était connue avant le concert : Nicolas Mahieux à la contrebasse, Christophe Lavergne à la batterie, Vincent Mascart aux saxes ténor et soprano, Geoffroy de Masure au trombone ou encore David Venitucci à l'accordéon. Le groupe était complété par deux trompettistes, un saxophoniste alto et Arnaud Boukhitine, de l'EIC, aux tuba et trombone. Depuis sa création, cet orchestre se penche sur les musiques traditionnelles européennes et leurs interactions avec le jazz. Après avoir exploré les musiques des Alpes avec Mathias Rüegg (du VAO), puis celles des îles britanniques, Diagonal se penche désormais sur celles d'Europe de l'Est - avant de proposer une création à partir de musiques françaises l'année prochaine. Le répertoire évite pas mal des clichés du genre en ne se voulant pas purement "festif". On entend à la fois des échos des fanfares cuivrées de Guca et des rythmes plutôt d'inspiration bulgare, mais aussi des arrangements plus mélancoliques moins géographiquement marqués. Le groupe sonne plutôt bien, avec un trio rythmique Cholet / Mahieux / Lavergne qui fait des étincelles et des solistes cuivrés qui font étalage de leur talent. On regrette néanmoins parfois que tout cela n'aille pas encore plus loin dans l'engagement explosif, parce qu'on sent que le potentiel est là. Le temps serré du concert (trois groupes) obligeait sans doute parfois à la retenue. Chipotage d'enfant gâté, parce que dans l'ensemble j'ai plutôt bien aimé ce que proposait le groupe.

Le deuxième groupe à monter sur scène était Le Grand Rateau du pianiste Jérôme Rateau. Là aussi les têtes connues côtoyaient celles qui l'étaient moins. On retrouve ainsi dans ce groupe Stéphane Kerecki à la contrebasse, Thomas Grimmonprez à la batterie, Thomas de Pourquery au sax alto, Yoann Loustalot à la trompette ou encore la formidable Jeanne Added au chant. Une guitare, un sax ténor, une trompette, un trombone et un tuba complétaient la formation. Le style de ce groupe est assez difficilement définissable. Moderne, cohérent, mais ne se rapprochant pas vraiment de choses entendues par ailleurs. Dans l'ensemble, il y a de bonnes idées, une conduite assurée de la part de Jérôme Rateau, mais parfois un peu de mollesse et de manque de consistance à la vue du cv des musiciens participants. On touche sans doute là du doigt toutes les difficultés qu'il y a à monter et faire tourner un grand orchestre : difficile d'avoir de longues périodes ensemble pour que la sauce prenne à tous les coups. La relecture d'Over the rainbow, servie par une Jeanne Added à fond dedans, perdait ainsi un peu de son intérêt par le contraste saisissant entre l'engagement de la chanteuse et l'absence de décolage de la part de l'orchestre à ses côtés.

La troisième et dernière formation de la soirée à se proposer à nos oreilles était le Paris Jazz Big Band, co-dirigé par le saxophoniste Pierre Bertrand et le trompettiste Nicolas Folmer. Là, pas vraiment de problème de consistance ni d'agrégation collective. On sent la machine très pro, qui tourne bien, avec un gros son digne de la tradition américaine des big bands swing. Le répertoire est nettement moins "hors cadre" que les deux précédents groupes, le plaisir vient donc d'ailleurs : de la maîtrise du "gros son" collectif (dix-sept musiciens tout de même), de l'explosivité de certains solistes (Sylvain Boeuf au sax ou Jean-Pierre Como au piano par exemple) et du déroulement sans à-coups de la musique jouée. Si ce n'est a priori pas trop le genre de jazz qui m'attire, en concert et pendant quarante-cinq minutes, ça reste tout à fait plaisant.

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