La Campagnie des Musiques à Ouïr fêtait hier soir la sortie de son nouveau disque au Studio de l'Ermitage. Enregistré à Budapest pour le label BMC Records avec trois musiciens hongrois, il met en avant une nouvelle collaboration originale pour les trois campagnons après le groupe sud-africain Heavy Spirit, Yvette Horner ou encore Brigitte Fontaine (entre autres). Pour le concert d'hier soir, le guitariste Gabor Gado, qui participe à ce nouveau disque, était présent.
La Campagnie, ce sont trois musiciens décalés, entre mélodies populaires et jazz libertaire. Ils parlent de "jazz rural" pour définir leur musique. Denis Charolles tient la batterie, mais aussi le trombone, le clairon et même l'arrosoir. Christophe Monniot souffle à travers saxes alto et sopranino, mais chante et joue des claviers également. Fred Gastard, aux saxes basse et soprano ainsi qu'aux claviers, est désormais le troisième membre du groupe, en lieu et place de Rémi Sciuto. Valse musette et reggae font bon ménage, entre tango et free jazz, au sein du grand capharnaüm de la Campagnie. Difficilement définissable, il faut assister à un de leurs concerts pour comprendre leur musique. Entre joies simples et tourbillons frénétiques, ça pulse et danse joyeusement.
Après quelques morceaux à trois, ils ont donc été rejoints par Gabor Gado. A priori le style du Hongrois, très évanescent, onirique, qui étire les notes au possible, est radicalement opposé à celui de la Campagnie. Et pourtant, au bout de deux morceaux, ça fonctionne parfaitement. Gabor Gado instaure comme un élément liquide dans le jazz terrien du groupe normand.
Christophe Monniot est toujours aussi enthousiasmant au sax. Il a une manière bien à lui de mêler dans son jeu l'héritage free et un aspect constamment dansant à travers un jeu tourbillonnant, comme s'il était l'enfant caché de Nino Rota et Ornette Coleman. Son corps constamment en mouvement quand il souffle dans ses saxes accentue l'aspect entraînant de son jeu.
En environ deux heures, la Campagnie a proposé un excellent concert, peut-être plus strictement jazz qu'à l'accoutumée (malgré un reggae au milieu du concert et une valse pour conclure), avec moins de chants et plus de cuivres tournoyants, ce qui n'était pas pour me déplaire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire