Très beau concert hier soir à La Cigale. La première partie était assurée par le guitariste brésilien Nelson Veras en duo avec le batteur belge Stéphane Galland, du groupe Aka Moon. J'ai découvert Nelson Veras un peu par hasard en 2003. J'étais allé un soir au Sunset pour y écouter Magic Malik et puis... pas de Magic Malik ! A la place, le trio de Nelson Veras avec le contrebassiste Daniel Yvinec et Stéphane Galland déjà. Ca reste pour moi une très bonne surprise. J'ai revu Veras depuis avec les Five Elements de Steve Coleman à Pontoise l'année dernière. Hier soir, il a joué quelques titres de son récent premier disque en tant que leader (Nelson Veras, Label Bleu, 2004), ainsi que quelques autres morceaux. Son jeu est une alternance de phrases mélodiques développées sur la longueur et de multiples petites ruptures de ton et de rythme. Sa complémentarité avec Stéphane Galland était belle à voir. Le batteur était d'ailleurs très bon lui aussi dans l'accumulation de ruptures rythmiques qui dynamisaient l'écoute.
Après cette première partie, le gros de la soirée était la présence du trio de Bojan Zulfikarpasic, mon pianiste jazz préféré. C'était la cinquième fois que je le voyais sur scène, la troisième en trio. Hier il était accompagné par Rémi Vignolo à la basse (que lui aussi j'ai vu à de très nombreuses reprises en concert) et par Nasheet Waits à la batterie. Sans doute l'un des meilleurs batteurs américains aujourd'hui comme je le rappelais récemment. Bojan était entouré de trois claviers : son classique Fazioli et deux pianos électriques dont un Rhodes au son trafiqué genre funk crasseux. Le concert à commencé par un morceau intitulé Algerik, qu'il joue assez souvent en concert mais qui ne figure sur aucun de ses disques (peut-être pour le prochain, annoncé par Label Bleu d'ici la fin de l'année). Après cette introduction il a repris quelques uns des morceaux qui figurent sur son excellentissime Transpacifik (Label Bleu, 2003), pour moi le meilleur disque de ses dix dernières années en jazz. Ca a commencé par une version très rapide et explosive de The Joker, où la pulsation rythmique semblait dédoublée, et avec un solo renversant de Vignolo au milieu du morceau. Après de belles interprétations de Flashback, Groznjan Blue et Bulgarska (superbe duo piano/contrebasse), Bojan a enfourché son Rhodes trafiqué pour un nouveau morceau au rythme funk lourd et entêtant. Peut-être l'amorce d'une nouvelle direction ? Le rappel était dans la même veine, avec un blues crasseux des plus réjouissants. La reprise de son morceau CD-Rom, qui figure sur Koreni (Label Bleu, 1999), était un autre excellent moment, avec une démonstration d'agilité et de puissance de Nasheet Waits comme on en voit - et entend - rarement. Waits n'est d'ailleurs pas que puissance puisque sur les reprises de Sepia Sulfureux (beau solo introductif de Vignolo) et Niner, il a montré qu'il savait aussi manier la douceur des balais. Ce qu'il y a de bien avec Bojan, c'est qu'on a beau connaître ses morceaux par coeur (et Dieu sait si j'écoute souvent ses disques), on y trouve toujours quelque chose de surprenant et d'original dans ses concerts. Les développements qu'il se permet autour des lignes mélodiques sont infinis. J'ai pris un grand plaisir à le revoir hier (ça faisait quand même quasiment un an, depuis avril 2004, que je ne l'avais pas vu !). Un concert vraiment enthousiasmant.
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