vendredi 18 octobre 2024

Les Musiques à Ouïr - Comme ça @ Studio de l'Ermitage, jeudi 3 octobre 2024

Flashback. Il y a dix-neuf ans, j'assistais à un concert de la Campagnie des Musiques à Ouïr en ce même lieu. Près de deux décénies plus tard, les Musiques à Ouïr ne sont plus une campagnie et le format s'est bien étoffé pour l'occasion (neuf musiciens sur scène). La "tête pensante" de l'ensemble est toujours Denis Charolles, derrière sa batterie, même s'il commence le concert au trombone, mais pour le reste le personnel a été complètement renouvelé au fil des ans. 

Quelques mois plus tard, en mars 2006, j'assistais à un nouveau concert de la Campagnie, avec une absente de marque : Brigitte Fontaine, qui aurait dû être présente ce jour-là, mais qui avait dû décliner l'invitation pour des raisons de santé. Ceux qui étaient alors présents sur scène avaient quand même interprété quelques titres de l'icône des années Saravah.

Flash forward. En 2024, les Musiques à Ouïr honorent Pierre Barouh et les artistes qui ont marqué l'histoire du label Saravah. Et ils chantent Quand les ghettos brûleront, Inadaptée, C'est normal ou Le Goudron de la grande Brigitte. Ils jouent aussi, en version instrumentale, Comme à la radio, mais alors il faut citer l'Art Ensemble of Chicago. 

Brigitte Fontaine (et donc Areski), l'Art Ensemble of Chicago, mais aussi Allain Leprest, Anne Sylvestre, Jacques Higelin et bien sûr Pierre Barouh lui-même, à travers quelques uns de ses "tubes" (La bicyclette, Des ronds dans l'eau) ou des chansons plus secrètes, souvent marquées par un léger accent brésilien dans les mélodies.


Autour de Denis Charolles, il y a Julien Eil (saxophones, clarinette, flûte), Claude Delrieu (guitare, banjo, accordéon), Sofia Bortoluzzi (basse), Aurélie Saraf (harpe, trompette, veille à roue), Maïa Barouh (flûte - et fille de Pierre), Dimas Tivane (percussions, jonglage). Ils chantent tous tour à tour un ou plusieurs morceaux. Et sont rejoints à plus d'un tour par Loïc Lantoine et Eric Lareine, chanteurs à la poésie gouailleuse, qui incarnent parfaitement l'esprit Saravah.

Parmi les nombreux moments marquants, on retiendra notamment le duo inversé entre Aurélie Saraf (qui reprend le rôle d'Areski) et Loïc Lantoine (qui reprend celui de Brigitte Fontaine) sur le loufoque C'est normal. Ou l'intensité mise par Sofia Bortoluzzi dans l'hymne féministe d'Anne Sylvestre, Une sorcière comme les autres. Mais ils ont tous l'occasion de s'illustrer à tour de rôle, et surtout de nous faire découvrir des textes et des mélodies inconnues jusque là, qui ont notamment le mérite de nous encourager à nous replonger dans la discographie du label Saravah, réceptacle d'une aventure au long cours faite aussi bien de free jazz que de bossa nova, de chansons réalistes que de textes surréalistes, de noms connus et reconnus que de poètes de l'ombre. Ce n'est pas le moindre des mérites de ce beau concert.

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