Back on the blog. Après une semaine bien silencieuse, je reprends du service avec un compte-rendu du concert de Thierry Titi Robin hier soir au Cabaret Sauvage. J'aime beaucoup cette salle. Il s'agit de la reproduction d'un cabaret typique des années 20, de type anversois. Délicieusement boisée, avec un jeu de miroirs et de lumières chaleureux, c'est une salle où l'on vient autant pour les artistes qui s'y produisent (programmation axée "world music") que pour le lieu en lui-même. J'y ai d'excellents souvenirs de concerts d'Akosh Szelevenyi ou du Taraf de Haïdouks. A nouveau l'oreille tendue vers l'Est hier soir avec Thierry Titi Robin qui, bien que gadjo, est certainement le plus parfait ambassadeur des musiques tziganes en France actuellement. Guitariste hors pair, sa musique puise dans la vaste tradition rom, du Rajasthan à l'Andalousie, en passant par le Proche-Orient, les Balkans et la Mitteleuropa.
Hier soir, il a commencé en trio, accompagné par Francis Varis à l'accordéon et Ze Luis Nascimento aux percussions. Tour à tour au 'oud, au bouzouq et à la guitare, Titi Robin alterne ambiances orientales sereines et frénésie rythmique flamenca. J'aime particulièrement sa sonorité au bouzouq, quand sa musique prend des accents rebetiko. On s'imagine alors dans un café enfumé de Salonique au début du XXe siècle, quand le port grec était le carrefour de biens des communautés musicales entre Orient et Occident. Après trois morceaux en trio, le bassiste Pascal Stalin s'est joint au groupe. A priori la présence d'une basse électrique peut paraître un peu saugrenue dans ce genre d'ambiances sonores, et pourtant l'intégration de Pascal Stalin au groupe se fait de la plus naturelle des manières. Il arrive à donner des sonorités très orientales à son jeu de basse qui collent parfaitement avec la musique développée par Titi Robin. Après quelques morceaux en quartet, La Coque, fille de Titi Robin, monte sur scène pour un morceau en trio avec son père et Ze Luis Nascimento. Elle joue du daf (ce grand tambourin d'origine persane) pour un morceau tout en douceur percussive (ce n'est pas un oxymore). Pour les trois derniers morceaux du premier set, l'autre fille de Titi Robin, Maria, rejoint le groupe au complet. Elle chante d'une voix marquée par les traditions flamenca et rom d'Europe centrale (Hongrie, Roumanie). Une sonorité très particulière, typique du chant tzigane, qui exprime douleur et allégresse avec une grande énergie. Le deuxième set commence par trois morceaux en quartet (Titi Robin, Francis Varis, Ze Luis Nascimento et Pascal Stalin), entre classiques de Titi et nouveautés tirés de son plus récent disque, Ces vagues que l'amour soulève (Naïve, 2005). Ensuite, le groupe est rejoint par le cantaor flamenco Jose Montealegre, pour une fin de concert plus marquée par les ambiances ibériques, avec un rappel explosif où tous les musiciens sont revenus sur scène. Ca fait désormais plus de dix ans que Titi Robin trace sa voie au sein des traditions roms, et le résultat est magnifique de vitalité et de singularité, le tout avec un côté très naturel. C'était la première fois que je le voyais sur scène, et le concert fut à la hauteur de mes attentes. Une fort belle soirée.
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