J'ai mis pour la première fois les pieds, et les oreilles, à La Fontaine (20 rue de la Grange aux Belles, dans le 10e) hier soir. Depuis maintenant près de deux ans, ce bar organise des concerts de jazz tous les soirs de la semaine (sauf le dimanche), et l'entrée est libre (les musiciens sont rémunérés au chapeau). La programmation y est très bonne et surtout le lieu est autant un lieu de concert qu'un lieu de vie et de création pour les musiciens qui se voient proposer des résidences sur le long terme. Le lieu est géré par une association qui me semble particulièrement intéressante : le Laboratoire de la création.
Depuis lundi dernier, et jusqu'à hier soir, se produisait le quintet du pianiste Alexandre Saada. C'était donc une bonne occasion d'aller découvrir, et le lieu, et ce jeune pianiste. Et d'aller écouter en live la saxophoniste Sophie Alour, dont le récent premier disque (Insulaire, Nocturne, 2005) est très plaisant, et qui fait donc partie du quintet d'Alexandre Saada. Le groupe était complété par Yoann Loustalot à la trompette et au bugle, Chris Jennings à la contrebasse et David Grébil à la batterie. Pour l'occasion, La Fontaine était bien remplie, ce qui était d'ailleurs amplement justifié.
Ce qui frappe d'abord dans la musique d'Alexandre Saada, c'est la qualité des compositions. A l'exception d'un morceau (une belle interprétation de la Pavane pour une infante défunte de Ravel), tous les titres joués étaient signés Saada. Une musique vive dans les passages en quintet, qui sait aussi se faire plus retenue quand le format se resserre et que le piano est mis en avant. Un jeu qui n'est pas sans évoquer Marc Copland à ce moment. La particularité du lieu, qui n'est pas très grand, fait que lors des passages en quintet, le piano était un peu en recul, au niveau sonore, par rapport à la section rythmique ou aux cuivres (mais en même temps, ils jouent sans micro, sans ampli, dans une ambiance chaleureuse au plus près du public, ce qui est quand même très agréable). Il fallait donc profiter des passages en trio (sans les cuivres) ou sans la batterie (un beau duo piano/contrebasse sur un morceau, un autre morceau à quatre sans le batteur) pour apprécier au plus près le style du pianiste. Parfois délicieusement churchy, aux intonations pleines de blues, d'autres fois, au contraire, plus proche de la tradition européenne née du romantisme. Mais toujours très juste.
Les sidemen n'étaient pas en reste. La sonorité de Sophie Alour au sax ténor me plait décidément bien. Un son chaud, plein, dans la lignée de Joe Henderson dont elle est une fan. De la puissance maîtrisée, un alliage parfait de force et de délicatesse. Le contrebassiste Chris Jennings a été pour moi l'autre révélation du concert. Pulsation parfaite quand il faut, inventif et plus "libre" à d'autres moments. Il a un discours bien à lui au sein de l'ensemble, sans pour autant dénaturer la cohérence du groupe.
En deux sets rondement menés (entrecoupés par une petite bière bue dehors vers 23h un 29 octobre, c'est quand même exceptionnel !), Alexandre Saada nous a présenté les compositions que l'on trouve sur son dernier disque en date, Be where you are, que j'ai par conséquent acheté. Après les deux sets normaux du concert, ceux qui comme moi sont restés encore un peu à La Fontaine ont pu bénéficier d'un "morceau caché" (comme on en trouve sur certains CD). Après un quart d'heure de pause, le temps que le lieu se vide, Alexandre Saada, Chris Jennings et David Grébil ont repris leurs instruments, accompagnés pour l'occasion par deux membres du public pas tout à fait comme les autres : Sébastien Llado au trombone et Stéphane Belmondo au bugle. Un joli petit bonus ! Il y a désormais de bonnes chances pour que je remette les pieds assez régulièrement à La Fontaine.
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