mardi 11 octobre 2016

Mingus Big Band @ Jazz Standard, lundi 10 octobre 2016

Le lundi, de nombreux clubs new-yorkais font relâche. D'autres honorent la tradition du big band à l'aide d'orchestre en résidence. Parmi ceux-ci, je choisis le Jazz Standard qui accueille depuis des années ses "Mingus Monday" sous le patronage bienveillant de Sue Mingus (présente dans la salle). Le Mingus Big Band est l'une des trois incarnations d'un ensemble à géométrie variable mais qui emploie les mêmes musiciens pour honorer la mémoire et les compositions du grand Charles (les deux autres étant le Mingus Dynasty et le Mingus Orchestra). La formation Big Band est évidemment la plus cuivrée, employant cinq saxophonistes, trois trombonistes, trois trompettistes et une section rythmique piano, contrebasse, batterie. Et c'est peu de dire que ça groove ! Mais pas que. Le concert de ce lundi soir (deuxième set) est ainsi l'occasion de démontrer la plasticité et la diversité du répertoire mingusien.

En 1h20 de concert et cinq morceaux, s'il y a bien trois pièces qui collent à l'esthétique attendue d'un Big Band rutilant, il y a surtout deux morceaux de bravoure un peu hors cadre. Tout d'abord un extrait d'"Epitaph", composition au long cours (plus de deux heures dans son entièreté) écrite au début des années soixante dans une optique third stream. Pour l'occasion deux des saxophonistes se saisissent de flûtes et un des trombonistes empoigne un tuba. Le rythme régulier est bien présent, comme un attachement à la tradition du jazz, mais les développements mélodiques et harmoniques empruntent plus à la tradition classique européenne du début du XXe siècle. Contrairement aux autres morceaux, pas de solos ici, mais des voix qui s'entremêlent, se superposent, se rejoignent puis s'éloignent dans un grand raffinement, avec un attachement particulier à l'agencement des timbres. Une vraie merveille.

L'autre grand moment, c'est le dernier morceau de la soirée. Un des musiciens annonce qu'ils vont jouer un extrait d'une longue composition, mais les autres protestent et insistent pour la jouer en entier. Il s'agit de "Cumbia and Jazz Fusion", composition tardive de Mingus (1977), l'une des dernières qu'il enregistra. Un grand voyage d'une demi-heure, des rythmes syncopés de la jungle colombienne fantasmée aux rues de New York, où se mêlent les langages sud et nord américains. On sent une joie de jouer évidente de la part des musiciens, très communicative. La salle réagit avec enthousiasme à la succession de solos flamboyants. La tradition du Big Band est encore bien vivante avec une telle machine à groover.

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