Ce dimanche soir, David Krakauer clôture une semaine de résidence au Stone, le club de John Zorn. Le clarinettiste a ainsi proposé chaque soir une formule instrumentale différente. Pour cette dernière il propose un groupe tout acoustique, débarrassé des samplers et guitares électriques qui l'accompagnent le plus souvent. Il s'entoure de quelques fidèles pour revisiter son répertoire : Will Holshouser à l'accordéon, Jerome Harris à la guitare basse acoustique et Michael Sarin à la batterie. Si le répertoire ne propose aucune surprise, mélange de traditionnels klezmer et de compositions personnelles bien documentées sur disque, l'intérêt du concert est de pouvoir l'écouter dans ce contexte plus dépouillé qu'à l'accoutumée, dans l'intimité d'une petite salle, au plus près du son des instruments.
C'est bien la qualité du son de la clarinette qui frappe avant tout. Toujours superbement maîtrisé, dans les lentes montées en puissance comme dans les danses paroxystiques qui sont la marque de fabrique de David Krakauer. On entend le souffle résonner sur la paroi de l'instrument, et c'est une expérience assez inédite, loin de ce qu'on a déjà pu entendre de lui lors de concerts en Europe, dans des salles plus grandes et entouré d'une instrumentation plus électrique. Les moments les plus calmes, quand il prend le temps d'installer un climat sur la longueur sont particulièrement émouvants. Ainsi ce "Moldovian voyage" particulièrement poignant, long crescendo tout en retenu avant le déchaînement final.
Entre les morceaux, Krakauer aime raconter des anecdotes sur leur origine. On voyage ainsi des confins du Yiddishland au Lower East Side (où se trouve le Stone). On sent toute la passion de la transmission qui anime le clarinettiste. Il ne fait pas que jouer une musique qui lui plaît, il cherche à transmettre une culture, un héritage qui a faillit être définitivement interrompu. Cette formule instrumentale ramassée y parvient peut-être encore mieux que les expériences plus crossover qui l'ont popularisé. Il n'abandonne rien de ses ambitions modernisatrices, mais il transmet plus directement l'émotion. Grand concert, une musique généreuse.
Jazzfest Berlin 2024 - Part I
Il y a 11 heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire