Beau concert hier soir au Studio de l'Ermitage. La première partie fut une découverte complète. Le trio du saxophoniste français Sylvain Rifflet, avec Frédéric Chiffoleau à la contrebasse et Pascal Le Gall à la batterie, nous a proposé un jazz de bonne facture qui, sans révolutionner le genre, pulsait plutôt bien, mettant en valeur le jeu tout en souplesse du sax ténor. Mais le gros morceau de la soirée - et la raison de ma venue - était la présence de trois membres émérites de la Downtown Scene pour la deuxième partie. Le saxophoniste et clarinettiste Chris Speed présentait son "Iffy" trio en compagnie de Jamie Saft à l'orgue électrique et Ben Perowsky à la batterie.
Je connaissais les trois musiciens séparément mais ne savais pas trop quoi attendre de leur réunion. Et bien je ne fus pas déçu ! J'avais déjà eu l'occasion de voir, par deux fois, Ben Perowsky en tant que sideman de Bojan Zulfikarpasic, et de l'apprécier sur disque dans son trio new-yorkais avec Uri Caine et Drew Gress (Camp Songs chez Tzadik ou Live at the Village Vanguard chez Winter & Winter). Pareil pour Jamie Saft que j'avais vu avec l'Electric Masada à Vienne en 2003. Concernant Chris Speed, c'était la première fois que j'assistais à l'un de ses concerts, mais j'avais déjà pu l'entendre sur disque notamment avec le groupe Pachora qu'il co-anime avec Jim Black, Brad Shepik et Skuli Sverrisson (Astereotypical chez Winter & Winter) ou sur le beau Bar Kokhba de John Zorn (chez Tzadik).
Leur collaboration en trio réussit à évoquer les univers particuliers des trois musiciens, tout en proposant un discours cohérent et un son de groupe bien défini. On retrouve ainsi le son délicieusement boisé et rebondi de Chris Speed à la clarinette. Il a en effet pour particularité de ne pas placer le pavillon face au micro, mais au contraire de placer ce dernier à mi-hauteur de l'instrument, ce qui renforce la sonorité boisée et l'impression de douceur qui s'en échappe. Et, si je le connaissais essentiellement en tant que clarinettiste, Chris Speed n'a pas été mauvais non plus - loin de là - au sax ténor. Parallèlement, les nappes d'orgue de Jamie Saft, tour à tour envoûtantes et dissonantes, s'accordaient parfaitement avec la musique jouée par le leader. Leur complémentarité - notamment lors des morceaux où Chris Speed jouait de la clarinette - était somptueuse. Quant à Ben Perowsky, il a une nouvelle fois démontrer l'étendue de son talent dans quelques solos particulièrement enlevés qui dynamisaient de manière fort bienvenue les mélodies toutes en douceur du trio. L'ensemble donnait un jazz aérien, avec des bribes d'influences est-européennes, toujours dynamique et surprenant. Une nouvelle excellente découverte en provenance de NY Downtown.
Carl LOEWE – Gutenberg & les archevêques zombies
Il y a 6 heures
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire