Déjà la troisième fois cette année que je vois Akosh en duo improvisé. La première fois c'était avec le turntablist Erik M, la deuxième avec le batteur Denis Charolles, et hier soir à l'Olympic Café avec la contrebassiste Joëlle Léandre. Autrement dit une sacrée musicienne qui, depuis plus de trente ans, promène sa contrebasse aux confins de la musique contemporaine (elle a fait partie de l'Ensemble Intercontemporain, et a collaboré avec John Cage, Morton Feldman ou Giacinto Scelsi notamment) et du jazz libre (Downtown Scene comme free music européenne). La voir dialoguer avec Akosh était donc un petit évènement pour tout fan du souffleur magyar.
La prestation fut assez courte (une heure sans rappel était-il précisé au moment d'entrer dans la salle), mais ce fut suffisant pour prendre beaucoup de plaisir et même pour... rire à de nombreuses reprises. L'humour n'est a priori pas le trait principal que l'on prête au free ou à la musique contemporaine, pourtant Joëlle Léandre est loin d'en être dépourvue. C'est une artiste dont la vision en concert apporte vraiment une dimension supplémentaire par rapport à l'écoute de sa musique sur disque. Les expressions changeantes de son visage, son jeu de jambes (oui, oui), son chant onomatopique, sa façon de caresser la contrebasse avec l'archet puis de la frapper avec ses poings vallent le coup d'oeil. Ses petites réflexions mi-diva mi-second degré entre les morceaux également.
Pour en venir à la musique en elle-même, elle fut très variée, empruntant aux différents registres habituels, ou moins, de l'improvisation free. Akosh avait, comme à son habitude, toute une gamme d'instruments (sax ténor, sax soprano, clarinette métal, clarinette basse, flûtes, clochettes) et proposait ses sonorités magyaro-free traditionnelles, avec une mise en avant du penchant free de son jeu. Les deux musiciens s'accompagnaient également un peu de la voix : grognements, onomatopés, mots inventés... Ce qui n'était pas pour rien dans la dimension amusante de la performance. Joëlle Léandre exploitait quant à elle la totalité des possibles de sa contrebasse. Avec l'archet ou en pizzicato. Caressant ou plus percussif. Mélodique ou rythmique. Le dialogue ainsi proposé ne manquait pas de rebondissements et formait un véritable discours qui ne se contentait pas de la juxtaposition de deux monologues. La qualité d'écoute des musiciens l'un pour l'autre faisait autant merveille que leur prestation propre. Pas de débauche vaine d'énergie, mais plutôt une musique qui sait jouer avec les nuances, voire le silence. Bien loin du free hurleur (qui a aussi son intérêt). Seul problème - pour le public comme pour les musiciens - la chaleur insupportable qui régnait dans la salle. Mais pour le reste, c'était vraiment bien.
Carl LOEWE – Gutenberg & les archevêques zombies
Il y a 4 heures
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