jeudi 15 août 2013

The Thing XXL @ Fundação Calouste Gulbenkian, mercredi 7 août 2013

Après une impasse sur les concerts de lundi et mardi pour aller visiter Evora, retour à Lisbonne pour la suite du festival Jazz em Agosto. Pas de période d’échauffement, The Thing, soit Mats Gustafsson au sax ténor, Ingebrigt Håker Flaten à la contrebasse et Paal Nilssen-Love à la batterie, démarrent pied au plancher, volume à fond, tous muscles dehors. Et pour renforcer la sensation de puissance ils sont rapidement rejoints par Jim Baker au piano, Terrie Hessels (de The Ex) à la guitare, Mats Äleklint au trombone et Peter Evans à la trompette pour former la version XXL de The Thing.

A sept ils produisent d'abord un vacarme assourdissant, avant de faire évoluer le morceau vers une suite de propositions en plus petits ensembles. Jim Baker brille particulièrement dans ce contexte, d'abord en quartet avec Terrie Hessels et les deux Norvégiens, puis en duo avec Ingebrigt Håker Flaten. Ma première confrontation avec la musique de The Thing XXL à Saalfelden en 2010 m'avait laissé une impression mitigée en raison de la difficulté du pianiste à s'insérer dans le son d'ensemble. Rien de tel cette fois-ci, Jim Baker se voit même laisser beaucoup de place pour développer ses idées originales et apporter une couleur vraiment singulière au groupe, au-delà de ce qu'on pourrait attendre en terme de "virilité" de la part d'un tel assemblage. Très liquides, allant farfouiller dans les aigus, ses interventions proposent leur lot de faux semblants, comme emportées par un tourbillon chaotique de notes, et apportent un contrepoint bienvenu à la force brute dégagée par la rythmique.

Monument aux Découvertes, à Belém

Le deuxième morceau - intitulé Don Don en référence à Don Cherry (dont une composition a donné son nom au groupe) et à Donald Ayler - commence quant à lui par un intense duo guitare-batterie tout en brisures rythmiques, assez exemplaire de ce que les guitares de The Ex savent enfanter. Plus mélodique que le premier morceau, c'est encore l'ensemble piano-guitare-basse-batterie qui me fait la plus forte impression, toujours emmené par l'originalité du phrasé de Jim Baker. On s'attendait à rugir de plaisir avec les vents, et c'est finalement l'arrière-cour rythmique qui est sur le devant de la scène ce soir.

Du coup, pour le troisième morceau, Mats Gustafsson passe au baryton pour prendre d'assaut la forteresse coltranienne. Avec le renfort d'Ingebrigt Håker Flaten passé à la basse électrique et de Jim Baker aux claviers électriques bourrés d'effets, il martyrise le thème d'India à grands coups rageurs, bien aidé par les solos incandescents de Peter Evans toujours aussi à l'aise quand il s'agit de revisiter avec malice les standards. La relecture s'enchaîne à merveille avec une composition du bassiste, introduite par un spectaculaire duels de cordes guitare-basse, qui dévoile progressivement une large place - une fois n'est pas coutume - pour la mélodie. Si The Thing XXL propose évidemment des tutti surpuissants, ce soir c'est par l'espace qu'il laisse à des combinaisons instrumentales plus réduites qu'il brille particulièrement. Cela permet de donner un vrai relief à une musique pourtant jouée "à fond". Et de ne pas se contenter du plaisir unidimensionnel de la fureur.

A lire ailleurs : Philippe Méziat.
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