dimanche 30 janvier 2005

Henri Texier Strada Sextet @ Théâtre Simone Signoret, Conflans-Sainte-Honorine, samedi 29 janvier 2005

Il y a des musiciens qu'on ne se lasse pas de voir sur scène. C'est le cas d'Henri Texier. Quelque soit le groupe qui l'accompagne on est à peu près sûr de passer un très bon moment. Ce fut à nouveau le cas pour moi hier soir au Théâtre Simone Signoret de Conflans-Sainte-Honorine, où Texier se produisait avec son Strada Sextet. Je l'avais vu une première fois avec cette formation en 2003, à l'occasion du festival Jazz à la Villette. Le groupe en était alors à ses débuts, puisqu'il avait été fondé quelques mois plutôt, d'abord sous la forme d'un quintet, puis d'un sextet par l'adjonction du guitariste Manu Codjia. Depuis ce premier concert le groupe a sorti un formidable disque l'année dernière, que j'ai d'ailleurs classé dans mon top 5 des disques 2004 il y a peu.

En 2003 les deux saxophonistes, François Corneloup au baryton et Sébastien Texier à l'alto (et aux clarinettes), m'avaient fait la plus forte impression. Ils menaient le groupe avec une énergie incroyable et nous avaient gratifié de solos mémorables. Hier soir c'est le tromboniste Gueorgui Kornazov (originaire de Bulgarie) qui m'a le plus réjoui. L'expressivité de son jeu était exceptionnelle. Bien sûr, la mise en valeur des solistes n'est possible que par la qualité jamais démentie de l'écriture de Texier. Il est pour moi l'un des mélodistes essentiels de la musique actuelle, tous genres confondus. Ses morceaux sont de véritables chansons (même si sans chanteur) dans tout ce que ce terme peut avoir de positif. Une nouvelle preuve nous a été offerte d'emblée avec le morceau "Work Revolt Song" qui ouvrait le concert. Il s'agissait d'un morceau que je ne connaissais pas, jamais entendu ni sur disque ni en concert, mais que j'ai immédiatement adoré. Le climat qui s'en dégageait, tendrement mélancolique, doux-amer, était somptueux. Les autres morceaux du concert m'étaient, eux, connus, qu'il s'agissent des morceaux tirés du disque du Strada Sextet ou de morceaux plus anciens de Texier popularisés par d'autres de ses groupes comme les somptueux "Sacrifice" et "Awa", mais ça fait toujours plaisir de les entendre live.

Par rapport au concert de 2003, un autre changement - positif - est dû à Manu Codjia qui a véritablement trouvé sa place dans le groupe désormais, ce qui n'était pas encore tout à fait le cas il y a deux ans. Codjia est l'un des musiciens que j'ai le plus vu sur scène depuis 3 ans : avec Texier (3 fois), avec Erik Truffaz, avec Daniel Humair, avec Rémi Vignolo ou récemment avec Dr Knock. Si au départ il faisait toujours "du Codjia" quelqu'ait été le groupe dans lequel il jouait (et c'était déjà assez exceptionnel), je trouve qu'au fil du temps il s'incorpore de mieux en mieux dans les différentes musiques qu'il côtoie au sein de tous les groupes qui font appel à lui. Il s'est ainsi imposé en quelques années comme l'un des guitaristes de tout premier plan sur la scène jazz hexagonale. Une nouvelle démonstration en fut donnée hier.

On pensait que Texier aurait du mal à monter un groupe aussi captivant que l'Azur Quintet, et pourtant son Strada Sextet est loin d'être en reste. Son aspect délicieusement cuivré dégage une "révolte" (puisque tel est le leitmotiv des titres de nombreuses compositions récentes de Texier) à laquelle on ne peut qu'adhérer.

Aucun commentaire: