Encore Akosh ! Cette fois-ci dans le cadre des soirées "La Belle Ouïe Night Fever"organisées par le Lavoir Moderne Parisien et Labelouïe, le label monté autour de la Campagnie des Musiques à Ouïr (Denis Charolles, Christophe Monniot, Rémi Sciuto). Le saxophoniste hongrois partageait hier soir la scène du LMP avec Denis Charolles (batterie, percussions, trombone, guitare, trompette, claviers, etc.) et Fantazio, chanteur-contrebassiste fasciné par le personnage d'Elephant Man et adepte du "contrebarissement".
Le concert débute par une chanson en solo de Denis Charolles, jouant simultanément de la guitare et de la batterie et chantant dans un franglais très "yoghourt". Le cadre est posé : résolument cabaret, à la fois bourré d'humour et musicalement de grande qualité. Après cette intro, Fantazio assure le show seul sur scène. Il joue de la contrebasse comme personne, de manière fort peu orthodoxe : il la frappe du pied, il en sort les effets les plus improbables, la slappe, la percute... Elle devient rock, folk, techno, jazz... Lui chante en anglais ou en français, des textes plus ou moins absurdes, souvent drôles, parfois amers. Il module constamment sa voix, un coup crooner, un coup gouailleur. Après quelques morceaux en solo, il est rejoint sur scène, selon les morceaux, par Denis Charolles, Stéphane Danielides au soubassophone ou Frank Williams à la guitare. Solo, duo, trio alternent au gré des humeurs de Fantazio.
Après cette première partie digne du meilleur cabaret, Fantazio cède sa place sur scène au duo Akosh S/Denis Charolles. Depuis l'Interstellar Space de Coltrane, le duo saxes-batterie est devenu l'un des formats privilégiés du langage free. Le premier mouvement fait d'ailleurs imanquablement penser à Trane : Akosh très lyrique au ténor, Denis Charolles qui fait gronder ses tambours, et les clochettes agitées par Akosh comme en écho à celles agitées par Trane il y a presque quarante ans. Par la suite, on retrouve le langage propre d'Akosh, entre fureur free et mélodies traditionnelles, moins expérimental que la veille, mais toujours sans concession. Le sommet du (long) premier morceau est atteint quand Akosh s'empare de la clarinette basse et que Charolles lui répond par les claviers et une trompette toute cabossée au son très doux, très onirique, qui fait penser à Arve Henriksen. Un moment d'une incroyable douceur au milieu de cet océan de rythmes free, magnifiquement prolongé d'ailleurs par la montée en puissance du mouvement suivant avec Akosh au soprano et Charolles à la batterie, instrument sur lequel il est particulièrement impressionnant. Après la longue suite qui faisait office de premier morceau, les deux compères proposent au public "une danse". Charolles au trombone et Akosh au soprano se jouent des musiques populaires (fanfares, valse...) avec un esprit espiègle qui colle parfaitement avec l'esprit de la soirée.
Après cet exercice de haut vol en duo, Fantazio, Stéphane Danielides et Frank Williams rejoignent Akosh et Charolles sur scène pour quelques morceaux particulièrement géniaux. Fantazio chante, principalement en italien cette fois, pendant que les autres improvisent en tous sens. Les chorus pris alors par Akosh sont d'une beauté à couper le souffle. L'ambiance monte d'un cran dans la salle. Les free-addicts venus pour Akosh se laissent entraîner par l'ambiance cabaret de Fantazio, formidable showman il faut dire. Après un salut collectif marquant la fin du concert, le traditionnel rappel se transforme en 45 minutes supplémentaires de concert. Frank Williams est le premier à revenir, interprétant à son tour en solo quelques chansons, en italien et en anglais. Puis, au bout de quelques morceaux, Fantazio le rejoint. Puis Denis Charolles. Les trois musiciens prolongent le plaisir, dans une ambiance plus ostensiblement rock. Le concert se conclut sur une ultime chanson de Frank Williams, à nouveau en solitaire.
Carl LOEWE – Gutenberg & les archevêques zombies
Il y a 14 heures
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