mercredi 1 août 2018

Simulacrum @ Fundação Calouste Gulbenkian, mardi 31 juillet 2018

Un seul groupe au programme en ce mardi soir. Simulacrum est le dernier né des power groups que Zorn affectionne. Après l’épopée Moonchild qui l’a occupé de 2006 à 2014, ce trio semble avoir pris le relais depuis 2015. Au fidèle John Medeski à l’orgue Hammond se sont joints deux figures plus récentes de la zornosphère, le guitariste Matt Hollenberg et le batteur Kenny Grohowski. L’instrumentation et la musique proposée ne peuvent pas ne pas évoquer le Tony Williams Lifetime. L’ambition de se situer dans la descendance du power trio de l’ex-batteur de Miles semble transparente, entre jazz fusion porté à incandescence et hard rock surpuissant. Avec une dose de métal pour actualiser un peu le propos.

La débauche de puissance de Kenny Grohowski est ce qui impressionne le plus d’emblée. Il ne semble n’y avoir jamais de temps morts dans ses lourdes frappes, seuls les changements de directions propres à l’écriture de Zorn permettent des respirations - répit de courte durée. Sur ce tapis rythmique un brin monochrome, les touches de couleurs sont apportées par Medeski et Hollenberg. Le premier fait valoir sa science des claviers groovy développée au sein de MMW depuis près de trente ans. Le second, moins entendu jusqu’ici, est sans doute celui qui introduit le plus de variété dans son jeu. Du coup la réussite, inégale, des morceaux lui doit beaucoup. Parfois, cela semble un peu trop mécanique, application systématique de la formule zornienne (montée paroxystique interrompue par un break soudain, et on repart dans une autre direction). Mais il y a aussi des morceaux parfaitement prenants, en général les plus longs, qui laissent le temps au propos de se densifier, de parcourir des climats incertains, et où le jeu d’Hollenberg électrise un air qui semble charger d’orage (le vent se lève, comme pour répondre aux incantations chamaniques qui émanent de sa guitare). Ce soir, on n’entend pas les avions survoler l’amphithéâtre - d’ailleurs moins garni que les soirs précédents. La performance dure tout juste une heure - sans compter le rappel - mais vu le niveau des décibels absorbés, on en ressort rincé, comme si le concert avait duré trois fois plus longtemps.

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