Exploding Star Orchestra, Congress, 21h30
Pour l'inauguration du Jay Pritzker Pavilion en 2005, la ville de Chicago a demandé à Rob Mazurek de monter un groupe permettant de capter le son actuel de la Windy City. Au-delà de la commande initiale, l'Exploding Star Orchestra, qui réunit aussi bien des musiciens venus de la fertile scène jazz locale que des figures de la scène post-rock dont la ville est la capitale mondiale, est devenu un groupe régulier, qui publie ces jours-ci son troisième disque (Star Have Shapes, chez Delmark). Le concert commence par une explosion de sons, qui s'agencent progressivement. La musique est luxuriante, s'apparentant à une jungle sonore dont émerge un groove poussé par une rythmique à deux batteries, une basse électrique et une contrebasse. Les deux batteurs ont une approche complémentaire. John Herndon, de Tortoise, est très lourd, très rock. Il semble tomber de tout son poids sur les toms. Mike Reed apporte une dimension polyrythmique qui enrobe les frappes puissantes de Herndon. Grâce à eux, un groove continuel, presque dansant par moment, parcours le concert. De riches solos particulièrement expressifs donnent beaucoup de relief au son de l'ensemble : Jeb Bishop (tb), Jason Adasiewicz (vib), Matt Bauder (sax), Nicole Mitchell (fl), Jeff Parker (g) ou le leader au cornet créent de multiples explosions colorées qui permettent au groupe de jouer avec la densité du son, sa qualité et ses accidents. Tous très élégants - une fine cravate pour chacun - ils nous offrent une belle visite guidée de la métropole américaine, dont la musique, qui mêle une apparence décontractée et des mises en forme savantes, se présente de plus en plus comme une alternative aux propositions new yorkaises. L'approche syncrétiste de l'ESO, à l'aspect kaléidoscopique, se situe quelque part au-delà des genres et n'est pas une simple combinaison entre eux. En cela, il ouvre véritablement la voie à de nouveaux développements qu'on espère fructueux. Très applaudi, Rob Mazurek dédie le concert aux mémoires de deux figures chicagoanes récemment décédées, Bill Dixon et Fred Anderson. On ne saurait leur rendre un plus bel hommage.
Raoul Björkenheim, William Parker & Hamid Drake, Congress, 23h00
Le guitariste finlandais joue beaucoup de notes, égrenées rapidement, pour commencer. Dans une attitude très guitar hero, il prend visiblement du plaisir à faire étalage de sa technique. Moi, beaucoup moins. La paire rythmique est, comme d'habitude avec William Parker et Hamid Drake, en revanche au top. Le batteur est particulièrement réjouissant avec une variété d'approches qui le voit passer des baguettes aux mailloches, puis à mains nues. Toutefois, le jeu de guitare de Raoul Björkenheim ne permet pas de faire réellement décoller la musique à mon goût. Il devient plus intéressant quand le rythme ralentit et que le blues transpire enfin. Par un jeu sur les effets, il entraîne sa guitare vers d'étranges sonorités de gamelan, faisant place à une originalité qui captive. Le deuxième, et dernier, morceau voit Hamid Drake se saisir d'un bendir et William Parker souffler dans un shenai. En adaptant son jeu à l'Orient imaginaire et envoûtant décrit par ses camarades, le guitariste imite les sonorités de basse répétitive du guembri des Gnawas. Le voyage semble enfin démarrer, mais s'arrête bien trop rapidement. La première partie du concert, assez inintéressante, a duré beaucoup trop longtemps.
The Jazz Passengers Re-United, Congress, 00h30
On retrouve sur scène l'essentiel du groupe de Subway Moon vu jeudi en ouverture du festival : Roy Nathanson (sax), Curtis Fowlkes (tb), Bill Ware (vib) et Sam Bardfeld (vl) sont rejoints pour l'occasion par de vieilles connaissances, Brad Jones (cb), E.J. Rodriguez (dms) et Marc Ribot (g). Quasiment tous passés par les Lounge Lizards de John Lurie, ils reforment pour l'occasion les Jazz Passengers, groupe actif pendant une décennie (1987-1997) qui prolongeait, dans une veine plus pop, l'esthétique des lézards. On est ici clairement dans le registre du jazz entertainment, avec une attitude cool nourrie de toutes les musiques de la grosse pomme. Les morceaux respectent tous le format chanson, avec ou sans paroles. Mais, est-ce l'effet de la saturation au bout de huit concerts, ou tout simplement le manque d'acidité et de surprise, j'ai du mal à maintenir l'attention à son plus haut niveau. Après toutes les combinaisons sonores entendues au cours de la journée, on est ici en terrain beaucoup trop balisé pour éveiller l'intérêt. Dommage vus les musiciens rassemblés.
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A voir ailleurs : vidéos des concerts sur le site roumain MuzicaDeVest.
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