Marc Ribot solo, Kunsthaus Nexus, 12h30
Le guitariste new-yorkais propose un set très relaxe, à la guitare acoustique. On est loin du guitar hero. Beaucoup de blues, de fantomatiques mélodies folk-jazz, une citation du Theme from a symphony d'Ornette Coleman, un morceau d'Albert Ayler, quelques subtiles sorties de piste... on reconnaît les amours musicales de Ribot, dans une veine apaisée. Apparemment, un nouveau disque en solo devrait paraître prochainement sur Pi Recordings intitulé Silent Movies. Le titre résume assez bien l'ambiance qui se dégage du concert. En rappel, pour ne pas frustrer l'ingénieur du son qui avait effectué les réglages pour la guitare électrique, explique-t-il, il propose quelques pièces de John Cage, absolument pas écrites pour guitare, précise-t-il, avant d'ajouter... he is dead.
Mary Halvorson Trio, Kunsthaus Nexus, 14h00
La triple présence de Mary Halvorson dans la programmation du festival a été l'une des raisons de ma venue. Avec son trio auteur du fabuleux Dragon's Head (chez Firehouse 12), soit John Hébert à la contrebasse et Ches Smith à la batterie, elle a plus que confirmé tout le bien que je pensais d'elle. Ce concert fut le premier sommet du festival (qui en connut quelques autres !). Le jeu de Mary Halvorson à la guitare est singulier. Il s'apparente à une pluie de notes qui semble tomber à côté de la ligne mélodique, un coup au-dessus, un coup en dessous. La mélodie apparaît alors comme suggérée, dessinée en clair-obscur. Par ce procédé, elle allie la simplicité élégante du folk et la complexité de l'avant-garde (quelques années passées aux côtés d'Anthony Braxton y aidant) avec un grand naturel. Ses mélodies ont un intense pouvoir de séduction vénéneux. Elle joue sur les tensions, entre lisibilité immédiate et subtilités qui prolongent le plaisir dans la durée. Elle commence souvent ses morceaux par une approche assez rock, avec une démonstration d'énergie, avant de les faire évoluer vers des développements plus sinueux, plus jazz, comme si l'énergie de départ était désormais contenue, maîtrisée et malmenée pour en révéler des beautés cachées. Derrière une progression d'apparence bancale, on sous-entend ainsi toujours une ligne rythmique et mélodique plus straight, par un rapport entre le dit et le non-dit particulièrement raffiné. Le concert a commencé et s'est conclu par des morceaux extraits de Dragon's Head, mais a aussi permis de découvrir de nouvelles compositions, dont certaines à paraître sur son nouveau disque en quintet (le trio + deux cuivres), Saturn Sings. La longue liste de spectateurs qui viennent lui acheter ledit disque à la fin du concert semble l'étonner. Elle remercie chacun chaleureusement, tout en jonglant entre les euros, les dollars et les francs suisses.
Franz Hautzinger Quintet, Congress, 19h00
Le régional de l'étape ! Le trompettiste autrichien s'est entouré d'un beau groupe qui compte en ses rangs Hayden Chisholm au sax alto, Hilary Jeffrey au trombone, William Parker à la contrebasse et Tony Buck à la batterie. Le concert s'organise autour de deux longues suites, complétées par un rappel plus court. La première suite est majestueuse, avec une avancée lente et progressive par unisson des cuivres face aux développements bruitistes de la section rythmique. La musique semble avoir quelques reflets africains, un peu à la manière de ce que peut faire Henri Texier parfois, notamment dans la combinaison des timbres du sax alto et du trombone. La deuxième suite est plus dynamique, proche dans l'esprit du workshop mingusien, avec une rythmique qui assure cette fois le groove. Les cuivres, entre solos et tutti, font preuve de puissance et proposent des mélodies dansantes enthousiasmantes. Le rappel mixe en raccourci les éléments présents dans ces deux suites, soit un groove bruitiste du plus bel effet. La démarche très jazz étonne de la part d'un musicien que l'on connaît plus pour ses participations à des projets expérimentaux électro-acoustiques et avant-rock, mais le résultat est très bon.
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