La petite ville autrichienne de Saalfelden, nichée au creux d'une vallée des Alpes entre Salzbourg et Kitzbühel, organise l'un des plus intéressants festivals de jazz de l'été. Cette année, à la vue de la programmation particulièrement alléchante, j'ai décidé de faire le déplacement et de passer 4 jours à écouter 21 concerts. La programmation s'organise autour de deux salles : la grande scène du centre des congrès et la plus intime Kunsthaus Nexus qui permet principalement d'entendre des musiciens programmés sur la grande scène dans des formations alternatives. Un chapiteau est également dressé sur la place de la mairie pour accueillir des concerts gratuits qui attirent un public plus familial (la région est assez touristique grâce à ses atouts naturels, même en été). De ce que j'ai pu entendre, les groupes qui s'y produisent (autrichiens, allemands, italiens... les frontières ne sont pas loin) font la part belle aux musiques tziganes, klezmer et balkaniques. Une manière pour les Autrichiens de se remémorer les contours de leur défunt empire, ou tout simplement l'achèvement de vingt ans de redécouverte de l'Autre Europe. Il y aurait d'ailleurs une étude assez intéressante à mener sur les conséquences de la libération de l'Europe centrale et orientale sur le cours des musiques populaires occidentales. Mais ce sera pour une autre fois, place plutôt à une revue jour par jour des concerts auxquels j'ai pu assister (l'intégralité de la programmation des deux salles).
Roy Nathanson's Subway Moon, Kunsthaus Nexus, 21h30
Le groupe réuni par le saxophoniste new-yorkais rappelle en grande partie le line-up des Jazz Passengers, groupe jazz-pop formé d'anciens des Lounge Lizards qui connut un petit succès dans les 90s. La musique proposée est dans la même veine : un jazz urbain cool, matiné de pop songs, de musiques de film, avec en plus une pincée de hip hop décontracté grâce au human beat boxing de Napoleon Maddox. Le projet s'articule autour de chansons et poèmes inspirés par les trajets quotidiens dans le métro new-yorkais. C'est une entrée en douceur dans le festival, bercée par le son moelleux du vibraphone de Bill Ware ou du trombone de Curtis Fowlkes. Comme le fait remarquer Roy Nathanson, il n'est pas toujours évident de saisir toutes les subtilités de poèmes dans une langue étrangère, mais l'ensemble démontre cohérence et plaisir de jouer ensemble, avec en plus un sens mélodique efficace. On suit donc les tribulations des passagers du métro avec plaisir, grâce à une narration musicale presque cinématographique.
Zu, Kunsthaus Nexus, 23h00
Les trois Italiens de Zu ne font pas, eux, dans la décontraction. C'est même plutôt tout le contraire. Tout est ici question de puissance et de force brute. Les muscles tendus, le trio, très centré sur lui même, sans communication avec le public, érige un mur du son impressionnant où sax baryton, basse et batterie sont à pleine puissance, tout le temps. Cette musique se veut étouffante... et l'est aisément. On ne peut plus respirer. Les seules variations viennent de ruptures rythmiques. Pour le reste, on a un peu le sentiment qu'ils jouent de la même manière depuis trente ans, quelque soit l'endroit où ils se trouvent. Une fois l'effet de surprise de départ estompé, il n'y a plus grand chose à se mettre sous la dent. Vite, de l'air.
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A voir ailleurs : vidéos des concerts sur le site roumain MuzicaDeVest.
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