dimanche 9 mars 2008

John Hollenbeck, Theo Bleckmann & le Big Band du CNSMDP @ Cité de la Musique, samedi 8 mars

Dans le cadre des journées portes ouvertes du Conservatoire de Paris, les élèves de la classe de jazz accueillaient le batteur John Hollenbeck et le chanteur Theo Bleckmann. Les compositions étaient signées Hollenbeck, tête pensante du formidable Claudia Quintet, et recelaient leur lot de magnifiques subtilités. Le premier morceau voyait ainsi Theo Bleckmann littéralement gazouiller en contrepoint d'arrangements de cuivres très naturalistes. Il y avait comme des échos du travail de Maria Schneider dans l'écriture. La suite correspondait plus aux idées développées dans le cadre du Claudia Quintet, avec les possibilités démultipliées d'un grand ensemble. Les techniques vocales assez particulières de Bleckmann, entre clarté évanescente et bruitages accidentés, s'accordaient parfaitement aux complémentarités de timbres des piano, vibraphone, flûte et cuivres présents, le tout soutenu par une rythmique ludique et inventive menée par Hollenbeck. On entendait une véritable recherche des finesses d'écriture que permet un big band, bien loin de la seule puissance cuivrée. De quoi aiguiser la curiosité pour le disque du John Hollenbeck Large Ensemble sorti en 2005. Les élèves du CNSMDP, dont certains déjà entendus ou vus de-ci de-là (Eve Risser, flûtes et claviers, Simon Tailleu, piano, Quentin Ghomari, trompette, Stephan Caracci, vibraphone), menés par François Théberge, ont su magnifiquement servir la musique d'Hollenbeck, sans esbroufe et avec une belle attention portée au son d'ensemble de l'orchestre.

Puisque j'en suis à évoquer Theo Bleckmann, je ne saurais trop conseiller son disque Berlin - Songs of love and war, peace and exile, sorti récemment chez Winter & Winter (encore et toujours), avec le pianiste Fumio Yasuda et un quatuor à cordes. Il y a toujours eu un petit côté cabaret weimarien chez Bleckmann qui colle parfaitement à ces chansons essentiellement signées Eisler/Brecht. Le dandy new-yorkais (né à Dortmund) s'approprie ces refrains plus ou moins célèbres, les fait entrer dans son univers particulier, et les incarne finalement bien mieux qu'une interprétation plus fidèle. De quoi apporter un peu plus la preuve qu'il y a un lien toujours fécond entre le monde culturel centreuropéen de l'entre deux guerres et le New York Downtown d'aujourd'hui (oui, c'est une obsession).

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