Après une première partie assommante assurée par un groupe français qui mélangeait un peu tous les genres musicaux, mais en faisant beaucoup de bruit, James Chance se présente sur la petite scène du Triptyque. Il a grossi, c'est sûr, mais sa silhouette conserve un peu de cet aspect nerveux qui tranche avec son regard absent, perdu dans des litres de substances pas toutes très licites. L'air ailleurs, le corps bien présent : une démarche disco-punk qui se retrouve dans sa veste dorée, son nœud papillon et ses cheveux grisonnants toujours aussi peu coiffés.
Il commence le concert en triturant un clavier électrique dont il sort de grandes nappes de funk destroy quelque part entre Fela et Sun Ra. Derrière lui, un trio guitare, basse, batterie puise lui aussi essentiellement dans le registre funk. Un peu moins punk, un peu moins free jazz, un peu moins disco, bref moins no wave qu'il y a vingt-cinq ans, mais avec toujours cette passion pour les musiques noires qui transpire, servie par une voix plus à l'aise dans le cri sexuel, les limites du juste, ou le parlé-chanté que dans le "beau chant". Une reprise de James Brown viendra confirmer la dette toujours renouvelée de celui qui se fit appeler un temps James White autant pas goût de la blague potache que par réelle révérence.
Il joue moins de sax qu'à la grande époque, se contentant de quelques brèves incursions acides sur l'instrument, mais son alto évoque toujours un Ornette punk - technique rudimentaire et amour de la sonorité du texan - qui reste déterminant dans la signature du son James Chance. Un peu de clavier, un peu de sax, l'instrument dont il aura finalement fait le plus grand usage jeudi soir, c'est un verre d'alcool dont il buvait une gorgée quasiment entre chaque phrase éructée dans le micro. L'effet a toutefois été bénéfique puisque le concert est allé en s'améliorant pour finir, avec le mythique Contort Yourself, dans le vraiment très bon.
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