mercredi 7 mars 2007

Anne Paceo Quartet @ Duc des Lombards, lundi 5 mars 2007

Un lundi par mois, la jeune batteuse Anne Paceo a carte blanche au Duc des Lombards. Ce lundi elle avait réuni autour d'elle quelques uns des noms qui ont fait les beaux jours de la La Fontaine pendant près de trois ans : Alexandra Grimal aux saxes ténor et soprano, Yaron Herman au piano et Stéphane Kerecki à la contrebasse. La combinaison Alexandra / Yaron, renforcée par deux esthètes rythmiciens était difficilement résistible. J'y étais donc, et c'était grand !

Ce n'était pas juste un bon concert, c'était véritablement un moment magique, pendant toute la durée des deux sets auxquels j'ai assisté (difficile d'entamer une semaine par trois sets malheureusement). Les compositions étaient exclusivement signées Alexandra et Stéphane Kerecki, à l'exception d'une d'Anne Paceo judicieusement intitulée "les petites choses positives". Les morceaux du bassiste se développaient dans des ambiances joyeuses, très rythmées, au swing contagieux, qui permettaient à Paceo de faire étalage de son talent et de son enthousiasme. Sourire constant au bout des lèvres, elle évoque par cet aspect la joie de vivre hilare d'un Joey Baron. Et ça fait un bien fou ! Les compositions d'Alexandra, que j'apprécie de manière peut-être plus fine par le fait de les côtoyer régulièrement, ont été, au delà des musiciens, les véritables vedettes de la soirée. Rythmiquement, elles s'étirent dans des approches plus accidentées, plus lâches, laissant place aux silences, à la surprise, à l'exploration de bruits atypiques, au murmure et à la respiration. Climats plus intérieurs, plus profonds, plus proches des tripes aussi. Sur ses propres morceaux, Alexandra laisse de la place aux autres, mais quand elle se décide à tenir le discours, c'est en vraie leader - sans écraser personne, laissant son sens de l'espace et du temps particulièrement maîtrisé ce lundi s'exprimer dans toute son ampleur. Bladsurb, qui était présent lui aussi, résume assez bien la forte impression laissée par la saxophoniste. Je n'irai peut-être pas jusqu'à dire que Yaron Herman était pâle, mais il était incontestablement plus au service d'Alexandra qu'à son compte - dynamisant par moment de fort belle manière lesdites compos, sans trop en faire toutefois.

Ce groupe n'est peut-être pas régulier, mais il a incontestablement une cohérence musicale très développée. En espérant que l'envie de prolonger cette invitation d'Anne Paceo donne des idées aux programmateurs, voire aux maisons de disques. En attendant, le concert a été enregistré par France Musique, et devrait être diffusé dans le cadre du Jazz Club, vendredi 6 avril de 23h à 1h.

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