dimanche 10 juillet 2011

Andy Statman Trio @ Barbès, jeudi 16 juin 2011

Take the F train... to Brooklyn, pour se retrouver à 22h au Barbès, un café parisien qui ne dénoterait pas à la Goutte d'Or. Le bar est tout en longueur. Au mur, quelques vieilles affiches en français n'ont pas sur moi l'effet exotique qu'elles procurent sans doute aux autochtones. Au fond, une petite salle derrière une vitre et un rideau accueille des concerts tous les soirs. Programmation world et jazz contemporain pour l'essentiel. Sorte de cousin d'outre-atlantique de l'Olympic Café.

Ce soir le clarinettiste klezmer Andy Statman joue en trio (cb, dms). Arborant kippa et tsitsit, il joue aussi bien dans les synagogues que dans les lieux alternatifs. Grand écart ? Plutôt une expression typiquement new-yorkaise qui, de Knitting Factory en Tonic, a remis la tradition yiddish au cœur des musiques créatives. Je ne connaissais de Statman avant ce concert qu'un disque, paru dans la série Radical Jewish Culture de Tzadik, Avodas ha-Levi : recueil passionnant de mélodies klezmer jouées avec la fougue du free jazz des 60s. Certains duos clarinette / batterie n'étant d'ailleurs pas sans évoquer, toute proportion gardée, Interstellar Space. Vétéran de la tradition yiddish, Statman semblait, sur ce disque, jeter un pont entre le revival folk des 70s et le traitement modernisé de la Downtown Scene dans les 90s.

Where is Brooklyn ?... Au bout du pont.

Le concert de ce soir est plus sage que le disque. Même si la densité de son jeu à la clarinette sur l'entame du concert emporte immédiatement tous les spectateurs avec lui. Le premier morceau met ainsi la barre (trop ?) haut : solos chantants, très expressifs, de la contrebasse et drumming à mains nues - à la Joey Baron - du batteur servent d'écrin à la joyeuse fougue du leader. Par la suite, Andy Statman troque le plus souvent sa clarinette pour la mandoline, son autre instrument de prédilection. Si sur quelques morceaux il trouve des accents rebetiko qui nous rappellent que Salonique fut un grand centre juif de l'empire Ottoman, le champ d'expression de l'instrument est trop limité pour permettre de maintenir un discours surprenant tout au long du concert. On attend alors avec impatience les morceaux où il reprend sa clarinette, malheureusement minoritaires. C'est sur ceux-là qu'il fait preuve d'une véritable originalité dans l'interprétation, nourrie de jazz libre, transcendant la tradition, quand les modes de jeu à la mandoline sont, eux, un peu toujours les mêmes : jeu très rythmique, à sens unique. Même les sidemen semblent avoir moins de liberté dans ce contexte.

Concert en demi-teinte, donc. Je me faisais une joie de pouvoir voir sur scène cette légende méconnue qui tourne peu en dehors de New York, baigné du souvenir de son disque sur Tzadik. La magie ne fut que trop occasionnelle ce soir-là.

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