Le festival Jazz à la Villette continue avec un programme toujours en périphérie du jazz. Tortoise, groupe phare de la scène post-rock de Chicago, investissait ainsi hier soir la Cité de la Musique avec deux invités originaires eux aussi de la Windy City : Rob Mazurek (trompette) et Kevin Drumm (machines).
Le post-rock est une musique que je devrais aimer. Seulement, je n'y arrive pas. Cela fait plusieurs années que j'essaie régulièrement de m'y intéresser, en retentant encore et encore l'expérience. La scène chicagoane, notamment, avec ses connexions avec les héritiers de l'AACM, me semble une bonne porte d'entrée. Jeff Parker, guitariste de Tortoise, se retrouve ainsi régulièrement dans des projets plus jazz auxquels j'adhère totalement. Cette année, par exemple, les excellents disques de Matana Roberts ("The Chicago Project") et Ingebrigt Haker Flaten ("The Year of the Boar") font appel à ses services. Pour conjurer, une nouvelle fois, le sort j'ai donc tenté l'expérience live avec Tortoise, avec d'autant plus de bonne volonté que la présence de Rob Mazurek, dont l'Exploding Star Orchestra rassemble avec une certaine classe musiciens de jazz et de post-rock, promettait de bousculer un peu les aspects qui me plaisent le moins chez le groupe de Chicago.
Après deux morceaux seuls en scène, les cinq membres de Tortoise sont rejoints par leurs deux invités. Et là, la magie opère... pendant deux morceaux. L'utilisation des machines par Kevin Drumm apporte un plus perturbant, avec des beats très agressifs et anguleux, qui m'évoque un peu les premiers disques de Supersilent. Rob Mazurek mêle lui aussi les effets à son souffle puissant et entraîne Tortoise sur son terrain de jeu, plus expérimental. Seulement, la suite du concert remet Tortoise au centre du jeu. Kevin Drumm abandonne peu à peu, jusqu'à ne pas revenir pour les trois rappels. Le sentiment, sans doute, de n'avoir pas trouvé sa place dans le dispositif proposé par les chicagoans. Rob Mazurek persévère jusqu'au bout du concert, mais se fait plus discret, n'intervenant qu'à intervalles irréguliers.
Il y a en fait deux éléments qui me dérangent plus particulièrement dans la musique de Tortoise : les mélopées pop planantes des claviers vraiment trop mièvres et le drumming trop rigide et monochrome des deux batteurs (souvent sur le même rythme simultanément). Post-rock, mais encore trop rock à mon goût en quelques sortes. Il y a néanmoins quelques belles choses à se mettre sous la dent dans cette musique, comme lors des rappels, plus consistants, avec notamment un passage aux vibras et autres xylos très reichien. Mais dans l'ensemble, la déception de ne décidément pas réussir à entrer dans cet univers musical prend le dessus. Dommage, mais j'aurai au moins tenté le coup.
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1 commentaire:
J'avais franchement hésité à y aller. Ecouter Kevin Drumm en live ! Ce sera pour une prochaine fois. Merci pour cette chronique qui dit les choses et leur pourquoi.
PS : j'hésite encore à dire ma déception du spectacle Bonnafé - Collignon, tant la critique par ailleurs est louangeuse. Peut-être ton exemple ...
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