mercredi 10 janvier 2007

Alexandra Grimal Quartet @ Les 7 Lézards, lundi 8 janvier 2007

L'année 2007 commence comme la précédente s'est achevée, en tout cas en ce qui concerne les concerts auxquels j'assiste : même groupe, même salle, le 19 décembre et le 8 janvier. De quoi avoir un bon aperçu du quartet que forment Alexandra Grimal (ts, ss), Giovanni Di Domenico (p), Manolo Cabras (b) et Joao Lobo (dms).

Les fidèles de Samizdjazz et de Citizen Jazz savent déjà tout le bien que je pense d'Alexandra. Son concert au Duc en août reste parmi les meilleurs auxquels j'ai assisté en 2006. Elle est d'ailleurs la musicienne que j'ai le plus souvent vue sur scène l'année dernière, dans de multiples formations. Et bien je peux dire que le quartet dont il est question ici est l'un de ses meilleurs groupes, si ce n'est le meilleur. Celui dans lequel le jeu est le plus libre et le plus dense, sans doute en raison du fait que les musiciens se connaissent depuis six ans. D'ailleurs, le fait que le répertoire soit entièrement composé par Alexandra, Giovanni, Manolo et... Ornette Coleman ne trompe pas.

En quatre sets (deux à chaque fois), on a ainsi pu savourer dans les détails les spécificités de ce groupe. On y retrouve la "patte" Grimal, faite d'un subtil mélange de retenue et d'explosivité, mais on y découvre surtout un jeu collectif servi par de formidables individualités. Si j'avais déjà pu apprécier le jeu très percussif de Joao Lobo à La Fontaine, la découverte des deux Italiens de Bruxelles au piano et à la contrebasse n'a fait qu'amplifier le plaisir. Ils apportent en effet beaucoup à l'identité sonore du groupe, par leur jeu constamment sur la brèche, in'n'out. La place dévolue au silence, aux respirations des uns et des autres, à la manière de ce qu'Alexandra laissait déjà entrevoir dans d'autres formations, est ici majeure. Le fait que les quatre musiciens soient sur la même longueur d'onde, qu'ils aient quelque part la même approche du temps musical, rend ce groupe particulièrement excitant. La qualité des compositions, qui forment un tout cohérent avec les thèmes d'Ornette repris pour l'occasion, est elle aussi indéniable. Elles mêlent pour la plupart des thèmes limpides, d'une simplicité obsédante, à des développements aventureux, entre silences, bruissements et explosions tour à tour bruitistes et lyriques. Une unité s'en dégage, mais certainement pas une uniformité.

Ces concerts étaient également l'occasion d'entendre Alexandra après le mois et demi de résidence qu'elle a passé au Banff Center (Canada) – ce qu'elle évoquait dans l'interview qu'elle m'a accordée l'été dernier. Certaines compositions étaient d'ailleurs d'amusants clins d'oeil, à l'instar de ce "Elks around" devenu "Des caribous tout autour" lors du deuxième concert. C'était également le début d'un renforcement de l'expérience collective qu'est ce groupe. Alexandra me disant qu'elle souhaitait le privilégier pour les deux années à venir. Vivement la suite !

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