Hier se tenait le premier des quatre concerts pour lesquels j'ai pris des places dans le cadre du festival Banlieues Bleues cette année. La salle Pablo Neruda de Bobigny accueillait le quintet du chanteur-guitariste brésilien vivant à New York, Vinicius Cantuaria.
J'avais déjà pu voir Cantuaria en tant que sideman de Bill Frisell au Parc Floral il y a deux ans. Le groupe de Frisell, The Intercontinentals, faisait la part belle aux guitares et instruments proches (oud, bouzouki...). Parmi ce bel orchestre, le brésilien se distinguait en chantant un peu sur certains morceaux, d'une voix douce très bossa-nova. Sa présence à Banlieues Bleues cette année était donc une bonne occasion d'aller écouter ce qu'il fait à la tête de son propre groupe.
La musique de Cantuaria se situe au croisement des traditions carioca, bahianaise et new-yorkaise. Une sorte de bossa-nova teintée de rythmes bahianais et de phrases jazz. C'est que, depuis dix ans qu'il vit à New York, Cantuaria est un proche de la Downtown Scene. Le fait de côtoyer des musiciens comme Marc Ribot l'a sans doute influencé, comme en témoigne son morceau intitulé Cubanos Postizos, clin d'oeil au groupe de Ribot.
Hier il était accompagné d'un très beau groupe, avec en tête le trompettiste Michael Leonhart, au phrasé aussi délicat que juste. Le percussionniste originaire de Bahia dont je n'ai pas retenu le nom était lui aussi essentiel à la musique du groupe, ponctuant sans démonstration aucune les phrases zébrées de Cantuaria à la guitare. Le groupe était complété par le batteur Paulo Braga et par le bassiste Paul Socolow. J'avais déjà pu voir ce dernier au Sunside il y a deux ans, alors qu'il accompagnait Uri Caine.
Le concert fut assez court, malgré les deux rappels, mais le plaisir était grand. Que ce soit par la beauté des mélodies ou par le rythme subtilement déhanché, très lusitanien, Cantuaria s'inscrit dans le meilleur de la tradition bossa-nova, un genre qui n'est pourtant plus très présent sur le devant de la scène brésilienne et qui a connu tellement d'adaptations "easy-listening" qu'il serait facile de tomber dans la facilité. Mais ici, rien de tel. Cantuaria est en effet un grand guitariste avant tout et sa façon de jouer des effets, avec beaucoup de subtilité, fait que son discours est constamment renouvellé, toujours surprenant. Un concert fort agréable en résumé.
Samo Salamon - Sunday Interview
Il y a 9 heures
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