jeudi 7 novembre 2024

Yuja Wang & Vikingur Olafsson @ Philharmonie de Paris, dimanche 3 novembre 2024

Deux mégastars sur la même scène : n'y avait-il pas un risque d'être déçu si l'alchimie ne prenait pas complètement ? Les craintes se sont vite envolées quand le concert a commencé. Deux des solistes les plus adulés de la scène classique ces dernières années savent aussi laisser leur égo de côté et simplement prendre plaisir à jouer ensemble, à s'écouter, et à mettre en avant, avant tout, la musique. Yuja Wang et Vikingur Olafsson sont assis sur une même ligne, côte à côte, alors que leurs pianos sont chacun tournés vers une direction différente : vers la gauche de la scène pour l'Islandais et vers la droite pour la Chinoise. Ni tout à fait à quatre mains, ni face à face, la disposition des instruments résume leur recherche musicale conjointe : ensemble mais avec chacun son espace et ses singularités. 

Le programme du concert s'organise autour de trois pièces principales (entre 15 et 30 minutes chacune) : la Fantaisie pour piano à quatre mains en fa mineur D940 de Franz Schubert (1828), l'Hallelujah Junction de John Adams (1996) et une version pour deux pianos des Danses symphoniques op. 45b de Serge Rachmaninoff (1940). Ces morceaux de bravoure sont accompagnés de plus courtes pièces (2 à 4 minutes chacune) de Luciano Berio (Wasserklavier, 1965), John Cage (Experiences n°1, 1945), Conlon Nancarrow (Etude n°6, années 50, mais dans un arrangement pour deux pianos de Thomas Adès) et Arvo Pärt (Hymn to a Great City, 1984). A part Schubert, de la musique du XXe siècle, donc, loin du programme un peu trop séducteur qu'on pourrait craindre d'un tel all star game pianistique. 


Le concert commence par la pièce de Luciano Berio, toute en retenue, particulièrement délicate, pleine d'une tendresse qu'on n'attendait pas forcément du compositeur italien. C'est une introduction parfaite aux développements de la pièce de Schubert dont le thème obsédant est particulièrement séduisant. La pièce de John Cage offre, comme celle de Berio, un contrepoint délicat à ce qu'on attend de l'enfant terrible de la musique de l'après-guerre. Elle a comme des reflets de musique française du début du XXe siècle, impressioniste et naïve. La pièce de Nancarrow est elle plus attendue - en tout cas plus conforme à ce que l'on connaît du compositeur, une sorte de mécanique ludique qui semble se dérégler. La première partie se conclut avec la pièce la plus récente du réportoire, Hallelujah Junction de John Adams. Là aussi, c'est tout à fait conforme au style de son compositeur - comme des échos de Nixon in China (la principale oeuvre d'Adams que je connaisse) - hypnotique, minimaliste, répétitif et entrainant. Et une interprétation au cordeau des deux pianistes qui la rend particulièrement captivante.

Après la pause, le concert reprend avec la pièce de Pärt. On commence par s'inquiéter que Yuja Wang s'ennuie un peu : elle répète inlassablement un seul sol dièse alors qu'Olafsson développe des petits motifs mélodiques. Mais vers la fin de la pièce, elle a droit de dégourdir ses autres doigts pour se fondre dans le discours développé par son collègue depuis le début de la pièce. Ouf ! Peut-être est-ce la fatigue, et le contrecoup du concert tardif de Flash Pig la veille, mais je décroche un peu au moment de la pièce de Rachmaninoff. Du coup, je reste extérieur à la musique, dont je remarque la virtuosité, mais qui ne suscite pas d'émotion particulière en moi. Pour les rappels, ils reviendront à six reprises. Je ne reconnais pas tout. Une pièce de Brahms. Un ragtime pour conclure. Et de nombreux applaudissements pour accompagner le tout. Justifiés, car si j'ai décroché lors de la deuxième partie, la première reste un très grand moment dans mon souvenir quelques jours après.

Flash Pig @ Sunside, samedi 2 novembre 2024

Cela faisait bien longtemps que je n'avais pas assisté, en entier, à un concert se déroulant en trois sets. L'horaire relativement tardif du concert (21h30) ne laissait d'ailleurs pas augurer d'un tel déroulé. Depuis qu'ils organisent deux concerts par soir (l'un vers 19h/19h30, puis le second vers 21h30 donc), je ne pensais d'ailleurs pas que le Sunside continuait à proposer ce genre de soirée. Mais l'excellence de la musique, et la joie de partager des musiciens, justifiaient pleinement une telle approche (et le fait que ce soit un samedi, aussi). Pour l'occasion, Flash Pig nous a proposé deux premiers sets autour du répertoire de leur dernier disque en date (leur 5e), alors que le dernier set a été l'occasion pour eux de regarder dans le rétroviseur en reprennant quelques morceaux de leurs deux premiers albums.  

Flash Pig, c'est un quartet à l'instrumentation des plus classiques : les frères Sanchez au saxophone ténor (Adrien) et au piano (Maxime) soutenus par Florent Nisse à la contrebasse et Gautier Garrigue à la batterie. Au-delà des instruments rassemblés, le groupe a aussi une dette évidente envers l'histoire du jazz, lorgnant notamment vers la génération post-bop, post-free, post-cool qui a un peu mélangé tout cela dans les années 70/80. On pense notamment à une figure comme Paul Motian ou aux quartets de Keith Jarrett. On pense aussi à un cousinage avec des figures américaines plus contemporaines comme Mark Turner ou Chris Cheek. Bref, Flash Pig est un groupe de jazz, de pur jazz serait-on tenter de dire, qui ne "fusionne" pas avec d'autres musiques. Pourtant, la musique de Flash Pig n'a rien de patrimoniale. Elle ne sonne pas datée. Et l'entendre en club, au plus près des musiciens, le révèle instantanément. En effet, ce qui frappe d'abord, c'est la qualité du son, sa profondeur, son spectre harmonique large, son attachement aux belles mélodies comme aux improvisations tumulteuses. Cela procure un énorme plaisir en live !

Les deux premiers sets proposaient une musique très "référencée", celle de leur dernier disque en date, donc, paru au début de l'année : The Mood For Love. Le titre est une référence explicite au chef d'oeuvre de Wong Kar-wai puisqu'il en est en fait une réinterprétation de la bande originale. Le programme était en soi très excitant pour moi, In The Mood For Love étant incontestablement l'un de mes films préférés, certainement l'un de ceux que j'ai vu le plus de fois, et l'un des rares que je possède même en DVD (avec quelques autres de Wong Kar-wai d'ailleurs). La musique a toujours joué un rôle important dans la filmographie du réalisateur hong-kongais. On pense à Happy Together et à la place qui y est laissée à la musique d'Astor Piazzolla notamment. A Chungking Express et au tube California Dreamin'. Mais c'est sans doute avec In The Mood For Love, et avec sa (fausse) suite 2046, que Kar-wai a réussi la fusion la plus parfaite du son et de l'image. Impossible de ne pas avoir été marqué par cette bande-son où les mambos interprétés par Nat King Cole répondent au thème obsédant, Yumeji's Theme, du compositeur japonais Shigeru Umebayashi. 


C'est ce matériel - ainsi que des airs chinois, traditionnel ou d'opéra, qui apparaissent dans le film - qui sert de base à Flash Pig pour ce concert. Le Yumeji's Theme est ainsi interprété trois fois au cours des deux premiers sets, avec à chaque fois un angle d'approche différent. Trois mambos (Aquellos Ojos Verde, Mona Lisa et l'incontournable Quizas, quizas, quizas) apportent une touche à la fois latine et nostalgique. Quand aux thèmes chinois ils permettent d'entendre des mélodies a priori éloignées des codes occidentaux qui servent de matériel de base habituel au jazz, ce qui en renforce l'attrait. Le tour de force de Flash Pig, c'est, à partir de ces thèmes, de réussir à susciter deux réactions complémentaires chez l'auditeur : évoquer les images fortes du film et l'esthétique si singulière de Wong Kar-wai - on jurerait voir Maggie Cheung et Tony Leung se croiser au ralenti quelque part derrière les musiciens - tout en suscitant un vrai plaisir d'écoute par la surprise constante qu'ils insufflent à leur réinterprétation tout sauf à la lettre. Ca groove plus d'une fois, mais c'est aussi alternativement délicat, tempêtueux, suggéré, dansant ou tendre. Et toujours intense, dans le sens où on sent une vraie télépathie entre les quatre musiciens (qui jouent ensemble depuis quinze ans), une présence à l'autre qui se réflète aussi bien dans les solos que dans les passages à tutti. 

Le troisième set, en s'éloignant du matériel de leur plus récent disque, a permis de prolonger le plaisir et de démontrer également les talents de compositeurs des membres du quartet. Image F, For B, Enef, chaque titre a sa couleur propre, donne l'occasion d'apprécier les chevauchées habitées d'Adrien Sanchez, la profondeur de chant du piano de Maxime Sanchez, les couleurs rythmiques de Gautier Garrigue, ou l'élégance naturelle de la contrebasse de Florent Nisse. Ce dernier set démontre également que sur un matériel a priori éloigné des standards du jazz, ils savent en faire ressortir toute la sève bleutée : ils reprennent ainsi le thème du générique de la série de dessins animés tirés des albums de Tintin que toute personne qui était enfant au début des 90s connaît par coeur (oui, c'est mon cas). Sur une rythmique particulièrement dense maintenue de bout en bout par Gautier Garrigue, les frères Sanchez exposent d'abord la mélodie entraînante avant de la faire exploser sous le coup de leurs explorations mélodiques et harmoniques. Pas si éloigné, dans l'esprit, de Coltrane revisitant La Mélodie du Bonheur ou Mary Poppins. Et la confirmation que, grâce à Flash Pig, le plaisir dure jusqu'au bout de la nuit (mais quand même juste à temps avant que le dernier RER, celui de 01h01, ne se transforme en citrouille).

vendredi 18 octobre 2024

Yaron Herman New Quartet @ Sunside, vendredi 11 octobre 2024

Il flottait comme un air de La Fontaine au Sunside vendredi dernier. Pendant quelques années, au mitan des années 2000, La Fontaine, un bar du 10e arrondissement, a accueilli des concerts de jazz et a surtout permis de faire éclore toute une génération de jeunes musiciens, parmi lesquels Yaron Herman et Alexandra Grimal, qu'on retrouvait donc sur la scène du club de la rue des Lombards pour ce nouveau quartet du pianiste. Symboliquement, le dernier concert de La Fontaine, en septembre 2006, fut un concert de Yaron Herman, auquel Alexandra Grimal s'était jointe pour le dernier morceau. Je les avais revus ensemble l'année suivante, dans un quartet emmené par Anne Pacéo - elle aussi lancée dans le grand bain par les concerts à La Fontaine - au Duc des Lombards, autre club de la rue du même nom. Je garde un vif souvenir de ce concert, comme mes notes de l'époque en témoignent encore. Depuis, j'ai souvent revu Alexandra en concert, dont la dernière fois il y a un peu moins d'un an. J'ai moins eu l'occasion de revoir Yaron depuis cette époque des années 2005-2007, mais ai quand même profité de la venue de son trio en terres tchèques (2019) lors de mon exil praguois pour renouer un peu le fil avec sa musique. L'annonce de ce concert les réunissant avait donc un double intérêt : celui d'évoquer le souvenir de ces années de découverte de toute une nouvelle génération (en l'occurence, la mienne), dont les archives de ce blog témoignent largement, mais aussi, et surtout, l'envie de découvrir la musique qu'ils font aujourd'hui, nourrie d'expériences qui n'ont pas spécialement convergées - en tout cas sur le papier - au cours des deux dernières décénies. 

Le nouveau quartet de Yaron Herman compte aussi en ses rangs un complice de longue date du pianiste, le batteur Ziv Ravitz, qui accompagne Yaron sur scène et sur disque depuis maintenant plus de dix ans (il était lui aussi du concert de Prague évoqué plus haut). Plus récent auprès de Yaron, le contrebassiste Haggai Cohen-Milo complète le groupe. Je l'avais pour ma part découvert grâce à la parution sous son nom de l'avant-dernier volume de la Radical Jewish Culture series de Tzadik. Un album sur lequel le batteur n'était autre que Ziv Ravitz d'ailleurs. 

La musique jouée vendredi dernier portait la marque évidente de Yaron Herman, avec des compositions mêlant groove imparable, mélodies d'inspiration folklorique, sens des contrastes et jeu sur les vitesses sur lequelles chacun pouvait briller tour à tour. Yaron en entamant délicatement en solo le premier morceau semble vouloir suspendre le temps, avant qu'Alexandra puis les autres ne le rejoignent pour densifier le propos et déboucher sur une cavalcade enfiévrée. Le rythme des morceaux est souvent enlevé, mais cela n'empêche pas les nuances, ni la grande maîtrise formelle dans leur déroulé. Alexandra Grimal ne joue que du ténor pour l'occasion, et dans une approche beaucoup plus straight que lorsqu'elle propose sa propre musique, mais son constant équilibre entre in et out ajoute une dimension supplémentaire, entre force et fragilité, qui fait d'autant mieux ressortir, par contraste, le sens du groove que les trois autres s'évertuent à maintenir en permanence. Ces quatre là devraient se retrouver sur le prochain album du pianiste, annoncé pour début 2025. Alexandra partagera le pupitre du saxophone avec Maria Grand (vue aux côtés de Steve Coleman comme de Mary Halvorson), qui était annoncée pour le concert du dimanche soir de ce quartet. Mais je n'y étais pas, il faudra donc attendre le support discographique pour pouvoir entendre comment chacune nourrie la musique de Yaron Herman de leurs expériences diverses. 

Les Musiques à Ouïr - Comme ça @ Studio de l'Ermitage, jeudi 3 octobre 2024

Flashback. Il y a dix-neuf ans, j'assistais à un concert de la Campagnie des Musiques à Ouïr en ce même lieu. Près de deux décénies plus tard, les Musiques à Ouïr ne sont plus une campagnie et le format s'est bien étoffé pour l'occasion (neuf musiciens sur scène). La "tête pensante" de l'ensemble est toujours Denis Charolles, derrière sa batterie, même s'il commence le concert au trombone, mais pour le reste le personnel a été complètement renouvelé au fil des ans. 

Quelques mois plus tard, en mars 2006, j'assistais à un nouveau concert de la Campagnie, avec une absente de marque : Brigitte Fontaine, qui aurait dû être présente ce jour-là, mais qui avait dû décliner l'invitation pour des raisons de santé. Ceux qui étaient alors présents sur scène avaient quand même interprété quelques titres de l'icône des années Saravah.

Flash forward. En 2024, les Musiques à Ouïr honorent Pierre Barouh et les artistes qui ont marqué l'histoire du label Saravah. Et ils chantent Quand les ghettos brûleront, Inadaptée, C'est normal ou Le Goudron de la grande Brigitte. Ils jouent aussi, en version instrumentale, Comme à la radio, mais alors il faut citer l'Art Ensemble of Chicago. 

Brigitte Fontaine (et donc Areski), l'Art Ensemble of Chicago, mais aussi Allain Leprest, Anne Sylvestre, Jacques Higelin et bien sûr Pierre Barouh lui-même, à travers quelques uns de ses "tubes" (La bicyclette, Des ronds dans l'eau) ou des chansons plus secrètes, souvent marquées par un léger accent brésilien dans les mélodies.


Autour de Denis Charolles, il y a Julien Eil (saxophones, clarinette, flûte), Claude Delrieu (guitare, banjo, accordéon), Sofia Bortoluzzi (basse), Aurélie Saraf (harpe, trompette, veille à roue), Maïa Barouh (flûte - et fille de Pierre), Dimas Tivane (percussions, jonglage). Ils chantent tous tour à tour un ou plusieurs morceaux. Et sont rejoints à plus d'un tour par Loïc Lantoine et Eric Lareine, chanteurs à la poésie gouailleuse, qui incarnent parfaitement l'esprit Saravah.

Parmi les nombreux moments marquants, on retiendra notamment le duo inversé entre Aurélie Saraf (qui reprend le rôle d'Areski) et Loïc Lantoine (qui reprend celui de Brigitte Fontaine) sur le loufoque C'est normal. Ou l'intensité mise par Sofia Bortoluzzi dans l'hymne féministe d'Anne Sylvestre, Une sorcière comme les autres. Mais ils ont tous l'occasion de s'illustrer à tour de rôle, et surtout de nous faire découvrir des textes et des mélodies inconnues jusque là, qui ont notamment le mérite de nous encourager à nous replonger dans la discographie du label Saravah, réceptacle d'une aventure au long cours faite aussi bien de free jazz que de bossa nova, de chansons réalistes que de textes surréalistes, de noms connus et reconnus que de poètes de l'ombre. Ce n'est pas le moindre des mérites de ce beau concert.

dimanche 29 septembre 2024

Satoko Fujii, Natsuki Tamura, Ramon Lopez @ 19 Paul Fort, mercredi 25 septembre 2024

C'est étonamment la première fois que je chronique un concert donné au 19 rue Paul Fort. Non que ma fréquentation de ce lieu atypique, au sous-sol de chez Hélène Aziza, soit particulièrement assidue - ce n'était que la quatrième fois en l'espace de dix ans (avec certes six ans loin de Paris) - mais les trois précédentes fois restent des souvenirs marquants. Il y a avait d'abord eu la rencontre entre Benoît Delbecq, Taylor Ho Bynum, Mary Halvorson et Tomas Fujiwara en 2014, avant qu'ils ne prennent le nom d'Illegal Crowns et sortent trois albums sous ce nom. Puis, à nouveau Benoît Delbecq l'année suivante, en duo cette fois-ci avec Ben Goldberg. Plus récemment, le trio de Tony Malaby, Angelica Sanchez et Tom Rainey, en 2022. 

C'est à une nouvelle rencontre rare en terres parisiennes - leur premier concert sous ce format hors du Japon - que nous conviait la propriétaire des lieux. La seule et unique fois où j'avais pu voir la pianiste Satoko Fujii en concert remonte déjà à 2010, et avait pour cadre le festival de Saalfelden, en Autriche, pour un duo avec la violoniste Carla Kihlstedt. Quant à Natsuki Tamura, trompettiste et mari de Satoko à la ville, c'était la première fois que je le voyais. 


De ces trois-là, Ramon Lopez complétant le trio à la batterie, on est en droit de s'attendre à une musique "libre", héritée du free jazz, laissant toute sa place au bruit, aux vrombissements et autres accidents de parcours. Si ces éléments sont bien entendus présents ici ou là, leur musique est loin de s'y résumer. Ce qui frappe tout d'abord, c'est le caractère ramassé des morceaux : leur longueur fait plus penser au format chanson qu'à de longues chevauchées improvisées. Chaque morceau ne développe ainsi qu'une ou deux idées, sans chercher à en épuiser l'ensemble des possibles. Le recours aux techniques étendues - mailloches sur les cordes du piano, souffle frémissant a-mélodique à travers la trompette - est, lui aussi, utilisé avec parcimonie. Respiration ou ponctuation, ce n'est pas le coeur de leur discours. A la place, des jeux sur les dynamiques, les vitesses et les contrepoints. Des mélodies simples, mises en relief par un discours rythmique inventif. Une joie de jouer, et de se retrouver par delà la distance qui sépare Tokyo (Satoko Fujii et Natsuki Tamura) de Paris (Ramon Lopez). Une musique fraîche, espiègle et surprenante, dont la rareté ne fait qu'accroitre le plaisir qu'elle procure.