dimanche 27 novembre 2005

Octurn & Magic Malik @ La Maroquinerie, samedi 26 novembre 2005

Oui, encore Malik ! Cette fois-ci avec le groupe belge Octurn emmené par le saxophoniste baryton Bo van der Werf. En clôture du festival Jazz XL à la Maroquinerie (qui, comme son nom l'indique, propose du jazz joué par des ensembles grand format), Octurn présentait un nouveau projet avec le flûtiste parisien. Sur un répertoire constitué pour moitié de compositions de Bo van der Werf et pour moitié de compositions de Malik, dans une veine électro-jazz par l'adjonction de Gilbert Nouno (de l'IRCAM et qui a déjà collaboré avec Steve Coleman) et Dré Pallemaerts (qui avait lâché sa batterie pour l'ordinateur), le groupe a proposé un concert assez convaincant. Lentes progressions sinueuses, qui prennent le temps d'installer le climat sur chaque morceau, et qui dérivent progressivement vers un concentré d'énergie bouillonnante. Ce n'est plus de la fusion, mais de la fission nucléaire ! On reconnaît là la musique développée par les "enfants" européens de Steve Coleman, dans la lignée de la nébuleuse du Hask ou d'Aka Moon. Ce n'est d'ailleurs pas étonnant à la vue de la configuration actuelle du groupe, qui intégre des musiciens en provenance du Hask, comme Guillaume Orti au sax alto, Jean-Luc Lehr à la basse ou Chander Sardjoe à la batterie. Le groupe était complété par Laurent Blondiau à la trompette, Fabian Fiorini au piano, Jozef Dumoulin au Fender Rhodes et Skorpene à la vidéo. On retrouvait ainsi des musiciens qui participent au nouvel Orchestra de Magic Malik (van der Werf, Blondiau, Lehr). Echanges fructueux et répétés entre Paris et Bruxelles.

Magic Malik et Guillaume Orti étaient ceux qui s'illustraient le plus à travers des solos virevoltants hier soir. Dans un registre aérien pour le flûtiste, plus tellurique en ce qui concerne le saxophoniste. La partie électronique mélangeait les genres. Parfois elle s'apparentait à des sortes d'obstacles sonores, dans une démarche proche de l'illbient. A d'autres moments elle venait au contraire en appui de la section rythmique, amenant le groupe sur un terrain drum'n'bass. La complémentarité avec Chander Sardjoe, dans un registre très différent ce que je pouvais en connaître à travers Kartet, permettait cependant au groupe de ne pas rester enfermer dans les poncifs du genre. Malgré la densité sonore dégagée par l'ensemble, le musique conservait son aspect entraînant, grâce à quelques touches de légèreté et une variation des climats rythmiques bienvenues. Sans doute dû à la présence de deux compositeurs. On entendait ainsi assez nettement la différence entre les morceaux de Bo van der Werf et ceux de Malik, plus festifs et espiègles dans leurs développements. Pour autant, personne ne tirait la couverture à lui, et l'écriture était vraiment au service du jeu de groupe, ce qui était assez plaisant.

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