jeudi 8 septembre 2005

Le Monde de Kota / McCoy Tyner @ Cité de la Musique, mercredi 7 septembre 2005

Sur le papier, c'était la soirée évènement du festival : McCoy Tyner en solo sur la scène de la Cité de la Musique. Avant le concert j'avais un peu peur que son état de santé ne se soit trop dégradé ces derniers temps (il a dû écourter sa tournée estivale des festivals européens suite à une embolie pulmonaire), mais, s'il a effectivement du mal à se déplacer, ses mains ont conservé quelques zests de magie. Avant d'en venir à sa prestation, quelques mots sur la première partie, assurée par des jeunes musiciens issus de la classe de jazz du Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris.

Le groupe en question s'appelait Le Monde de Kota et était composé de quatre musiciens à l'instrumentation originale : Olivier Goulet à l'harmonica, Stéphane Montigny au trombone, Julien Omé à la guitare et Guido Zorn à la contrebasse. Leur musique puise à la fois dans le jazz (influence d'Henri Texier notamment) et dans les musiques dites "du monde" avec des motifs africains assez présents. C'est indéniablement bien écrit, avec pas mal d'idées intéressantes qui jouent sur l'alliage peu habituel de ces instruments, mais c'est justement un peu trop écrit à mon avis. Ils gagneraient certainement à quitter parfois la partition pour insufler un petit grain de folie. Leur musique gagnera certainement en consistance après une tournée en club, avec un public plus proche et plus réactif. Ca vaudra le coup d'aller les revoir d'ici un an pour voir comment leur musique évolue.

Après un court entracte, McCoy Tyner rejoint son piano seul sur la scène. Je l'avais déjà vu en trio l'année dernière pour un concert extrêmement dynamique, au swing contagieux, avec pas mal de couleurs latines. Quelques constantes hier : une main gauche puissante, bondissante, au bout d'un poignet encore très mobile, une rythmique très présente, mais qui dynamise la mélodie plus qu'elle ne la couvre. Tyner, pianiste phare du jazz moderne, reste attaché aux musiques sources de la culture afro-américain (son jeu est chantant comme un gospel, rapide comme un ragtime, plein d'émotions comme un blues). Quelques variantes aussi : des couleurs plus clairement jazz qu'il y a un an, des phases plus retenues aussi, qui font une belle place aux accords mineurs, comme sur le magnifique 4e morceau. Je n'ai pas reconnu beaucoup de morceaux malheureusement, si ce n'est un Four by Five et les deux rappels : All Blues (de M.D.) et Naima (de J.C.), ce dernier ayant été demandé par un spectateur alors que Tyner était tout surpris de devoir revenir à nouveau. Au final, un bon concert, même si un peu court, du dernier représentant du mythique quartet.

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