Un vendredi par mois, le Bruit du [sign] se produit aux Voûtes, dans le XIIIe arrondissement. Après avoir tourné dix minutes dans le quartier pour trouver la rue des Frigos (j'aurais dû regarder le plan avant le concert et non après), j'y étais vendredi soir. J'avais déjà vu le groupe l'année dernière à l'Ermitage et leur prestation m'avait conquis.
Un peu moins d'un an plus tard, leur musique est toujours aussi bien, aux carrefours d'influences qui me sont chères : Henry Threadgill, Tim Berne, Steve Coleman, Jim Black pour n'en citer que quelques unes. Le propos a même gagné en densité de groupe : les solos sont un peu moins démonstratifs ce qui renforce la sensation de bouillonnement permanent du collectif. Si les envolées de Nicolas Stephan au sax, Julien Rousseau à la trompette et Julien Omé à la guitare ont conservé tout leur tranchant, la présence renforcée de passages en duo ou trio permet une densification du propos, qui se démarquait pourtant déjà par son énergie. Jeanne Added est égale à elle-même, c'est à dire déjà parmi ce qui se fait de mieux en "jazz vocal" (le terme est-il adéquat ?) actuellement, malgré son jeune âge (le même que le mien, c'est dire si elle est jeune !). Atmosphérique, onomatopéique, instrumentale, poétique quand elle emprunte à la langue de Shakespeare, un brin loufoque dans celle de Molière, elle fascine à tout instant. Théo Girard à la contrebasse et Sébastien Brun à la batterie et à quelques occasions aux machines complètent le casting. C'est un véritable bonheur - encore un - que d'avoir à faire à une contrebasse et non à une basse électrique dans ce contexte aux compositions pourtant tendues, lorgnant vers un certain rock. La rondeur du frottement de l'archet et le bruitisme délicat des pizzicati permis par la "grand-mère" en bois ancrent le groupe dans un sol beaucoup plus accueillant que ne l'est en général le béton armé d'une basse électrique. Sébastien Brun doit lui beaucoup à Jim Black, ce qui donne à certains passages des allures d'AlasNoAxis, mais en plus varié grâce à l'effectif plus étoffé du groupe et à la présence d'une singulière chanteuse. Si l'année dernière Julien Omé et Nicolas Stephan m'avaient particulièrement enthousiasmé dans leurs expressions individuelles, c'est vendredi Julien Rousseau qui s'est révélé à moi. Ses attaques claires et vives à la trompette et au bugle apportaient une netteté qui semblait définir la direction lumineuse vers laquelle le magma collectif s'orientait progressivement.
Le groupe entre en studio cette semaine pour enregistrer son premier disque (auquel on peut souscrire sur leur site ou lors des concerts pour les aider à récolter les fonds nécessaires).
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