dimanche 29 septembre 2024

Raphaël Pichon & Pygmalion - Les Vêpres de la Vierge @ Philharmonie de Paris, mercredi 18 septembre 2024

Alors que l'orchestre et le choeur viennent à peine de s'installer sur scène, une voix retentit du second balcon. Pour cette interprétation du chef d'oeuvre de Monterverdi, Raphaël Pichon, à la tête de son ensemble Pygmalion, a fait le choix d'habiter la totalité de l'espace offert par la grande salle Pierre Boulez de la Philharmonie. Si l'on commence au second balcon, pendant tout le concert, les solistes se retrouveront dispersés aux quatre coins de la salle : simplement devant nous, sur le devant de la scène, ou bien derrière nous, en fond de salle, au premier comme au deuxième balcon, sur les côtés comme juste au-dessus de nous. Cette spatialisation de l'oeuvre se fait tout naturellement - les chanteurs sortent discrètement de scène pendant que la musique continue - et nous prend donc plus d'une fois par surprise. 


Raphaël Pichon, au corps sec et élancé, dirige l'ensemble instrumental sommes toutes assez limité - une vingtaine de musiciens - et le choeur - une treintaine de choristes - de gestes énergiques, qui paraissent sacadés et rigides à l'oeil, mais dont le rendu à l'ouie est une pure merveille. On est bien loin d'un effectif symphonique dont le son envahirait toute la salle. Ici, tout est plutôt affaire de subtiles nuances, comme un pont jeté entre polyphonies de la Renaissance tardive et contrepoint baroque naissant, entre musique sacrée destinée à glorifier l'Eglise et opéra profane mettant en avant les chanteurs solistes. L'ensemble Pygmalion trouve l'équilibre parfait et il est à ce jeu bien difficile de mettre plus en avant l'un ou l'autre des solistes, l'ensemble instrumental ou le choeur, même si le ténor Zachary Wilder me réjouit particulièrement. La diversité de la partition renouvelle sans cesse l'attention durant les presque deux heures que dure le concert. Triomphe, mérité, d'applaudissements lorsque la dernière note retentit.

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