Le nouveau quartet de Yaron Herman compte aussi en ses rangs un complice de longue date du pianiste, le batteur Ziv Ravitz, qui accompagne Yaron sur scène et sur disque depuis maintenant plus de dix ans (il était lui aussi du concert de Prague évoqué plus haut). Plus récent auprès de Yaron, le contrebassiste Haggai Cohen-Milo complète le groupe. Je l'avais pour ma part découvert grâce à la parution sous son nom de l'avant-dernier volume de la Radical Jewish Culture series de Tzadik. Un album sur lequel le batteur n'était autre que Ziv Ravitz d'ailleurs.
La musique jouée vendredi dernier portait la marque évidente de Yaron Herman, avec des compositions mêlant groove imparable, mélodies d'inspiration folklorique, sens des contrastes et jeu sur les vitesses sur lequelles chacun pouvait briller tour à tour. Yaron en entamant délicatement en solo le premier morceau semble vouloir suspendre le temps, avant qu'Alexandra puis les autres ne le rejoignent pour densifier le propos et déboucher sur une cavalcade enfiévrée. Le rythme des morceaux est souvent enlevé, mais cela n'empêche pas les nuances, ni la grande maîtrise formelle dans leur déroulé. Alexandra Grimal ne joue que du ténor pour l'occasion, et dans une approche beaucoup plus straight que lorsqu'elle propose sa propre musique, mais son constant équilibre entre in et out ajoute une dimension supplémentaire, entre force et fragilité, qui fait d'autant mieux ressortir, par contraste, le sens du groove que les trois autres s'évertuent à maintenir en permanence. Ces quatre là devraient se retrouver sur le prochain album du pianiste, annoncé pour début 2025. Alexandra partagera le pupitre du saxophone avec Maria Grand (vue aux côtés de Steve Coleman comme de Mary Halvorson), qui était annoncée pour le concert du dimanche soir de ce quartet. Mais je n'y étais pas, il faudra donc attendre le support discographique pour pouvoir entendre comment chacune nourrie la musique de Yaron Herman de leurs expériences diverses.