samedi 4 septembre 2010

Jazzfestival Saalfelden 2010, 3e jour (2/3), samedi 28 août 2010

Carla Kihlstedt & Satoko Fujii, Congress, 17h00

Deuxième duo violon-piano de la journée après le concert de Mark Feldman et Sylvie Courvoisier en ouverture de programme. La tentation est grande d'entrer dans un jeu de comparaison. Les démarches sont néanmoins suffisamment différentes pour que les plaisirs des deux concerts soient complémentaires. La seule caractéristique commune en est l'excellence. La musique de Carla Kihlstedt et Satoko Fujii semble moins structurée, et est sans doute moins composée, que celle du premier duo. Les deux suites jouées s'apparentent ainsi à des enchaînements de chansons improvisées. A leur maîtrise instrumentale, les deux musiciennes ajoutent chant, cris et onomatopées. Elles se font sirènes envoutantes avec leurs étranges mélodies folk. Beaucoup de fraîcheur et de simplicité se dégagent de la prestation. La lisibilité des improvisations et le jeu sur les tensions laissent apparaître une vitalité naturelle, que les deux musiciennes ne cherchent pas à catalyser à tout prix, préférant se laisser aller à la joie du débordement et de l'inattendu. Tout cela est très musical, ludique et enchanteur.


Ingrid Laubrock Quintet, Congress, 18h30

La saxophoniste allemande, qui vit désormais à New York, a réuni pour l'occasion un groupe au casting alléchant. On y retrouve d'abord Mary Halvorson et John Hébert après leur formidable concert en trio de la veille. A cela s'ajoutent la pianiste canadienne Kris Davis, que j'avais eu l'occasion de voir aux 7 Lézards il y a quelques années, et l'incontournable Tom Rainey à la batterie. "Comme tout le monde", ils commencent par plonger dans un chaos sonore fait d'une accumulation de bruits en tous genres. Les deux premiers morceaux du concert sont ainsi très déstructurés, mais semblent néanmoins très écrits, avec un jeu sur le silence, les pauses et la suspension du temps au centre des intérêts d'Ingrid Laubrock. Au troisième morceau, le langage devient plus clairement jazz, avec une musique qui semble inventer dans l'instant de faux standards déglingués et des berceuses hantées. Tom Rainey, qui joue autant du glockenspiel que de la batterie, apporte une touche enfantine dans cette musique entre deux mondes, entre mélodies et cliquetis. Contrairement à de nombreux concerts du festival, on est ici au cœur d'un jazz d'apparence classique, il n'y a pas de combinaison avec des sons rock, pop, folk ou autre. La musique maintient néanmoins un caractère tout à fait original et assez inhabituel par ses aspects parfois tendrement fantomatiques. Il y a quelque chose du côté de l'enfance - avec sa part de jeu, comme d'inquiétudes - qui fait tout l'intérêt de l'écriture d'Ingrid Laubrock. Les jeux de Mary Halvorson et Kris Davis s'accordent à merveille avec cette dimension qui se tient sur le fil, entre in et out. Une bien belle découverte.

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