Le clarinettiste new-yorkais était hier soir à la Cité de la Musique pour un court mais excellent concert. J'avais déjà eu l'occasion de voir Krakauer a deux reprises, à chaque fois en club. Le changement de décor (malgré l'indéniable qualité de la grande salle de la Cité de la Musique) pouvait donc faire craindre de perdre un peu de l'énergie brute qui se dégage de son jeu. Il n'en a rien été. Dès ses premières envolées, aucun doute n'était plus permis : ce mec a une capacité incroyable à vous remuer les tripes avec une simple clarinette. Et vus les applaudissements de plus en plus nourris au fur et à mesure du concert, je n'étais pas le seul à ressentir cela. Krakauer mêle en effet de manière inégalée le charme des mélodies klezmer traditionnelles et l'improvisation jazz radicale.
Hier soir, le clarinettiste était accompagné par Sheryl Bailey à la guitare, Nicki Parrott à la basse, Robert Curto à l'accordéon, Michael Sarin à la batterie et Socalled aux séquenceur, sampler, orgue et accordéon. Bref son groupe habituel, à l'exception de l'accordéoniste. Le concert a débuté par le très beau Der Gasn Nign, avant d'alterner morceaux traditionnels et compositions de Krakauer, dont quelques extraits de son tout récent disque, comme Bubbemeises, Ms N.C. ou encore Rumania Rumania, sur lequel Krakauer a poussé la chansonnette en yiddish.
Sheryl Bailey nous a encore une fois gratifiée de quelques solos dévastateurs, et son jeu aux accents funk fait toujours merveille, même si elle était plus en retrait que lors du concert au Sunset en 2003. Sa prestation sur un morceau comme Turntable Pounding (titre qui fait réference à la fois au spiritisme - "table pounding" - et à l'art des platines - "turntable") n'en reste pas moins un grand moment.
L'introduction d'éléments hip-hop par Socalled (rythmes et chant rappé) était plutôt bien dosée, alternant les pièces très rentre-dedans et les morceaux plus retenus de ce point de vue. En tout cas sa prestation n'a pas été pour rien dans le succès du concert, vus les balancements de tête de nombreux spectateurs.
Le concert s'est achevé sur une série de rappels qui cherchaient à prolonger ce plaisir trop court (surtout si on le compare à ce que peut durer une soirée en club), avec un très beau Love song for Lemberg final, en hommage à la ville natale du grand-père de Krakauer (aujourd'hui Lviv en Ukraine). Grand concert. Ce qui devient une habitude avec Krakauer.
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