Superbe concert hier soir à l'Odéon du Tremblay-en-France. Ca vallait le coup de traverser la moitié de l'Ile-de-France pour cette soirée nordestine dans le cadre de Banlieues Bleues. Deux groupes étaient programmés : tout d'abord celui de Renata Rosa, suivi de celui de Maciel Salu, tous les deux originaires du Pernambouc.
Le premier disque de Renata Rosa est l'un de mes coups de coeur du moment. On y entend une lecture tradi-moderne des rythmes ruraux du Nordeste (maracatu, coco, cavalo marinho) qui tranche singulièrement avec les musiques brésiliennes plus connues sous nos cieux. La voir en concert renforce la dimension hypnotique de sa musique : avalanche de percussions, stridences du rabeca, ce petit violon rural aux mélodies entêtantes, et surtout voix cristalline et puissante de la belle. En effet, Renata Rosa c'est avant tout une voix, assez particulière, aigue, qui fixe l'attention et se fait facilement envoûtante. Les jeux vocaux entre la leader et les polyphonies de ses musiciens accentuent le caractère dansant de sa musique, se superposant à un riche tapis rythmique fait de tambourins et de percussions en tous genres. Le groupe de Renata Rosa est illuminé par la présence de Seu Luis Paixao au rabeca. Ce petit bonhomme est l'incarnation de la tradition musicale des champs de canne à sucre qui couvrent une bonne partie du territoire nordestin. Il a passé près de 50 ans à couper la canne, et à peu près autant à peaufiner son art musical. Il a été le professeur de Renata Rosa dans l'apprentissage du rabeca, et fait aujourd'hui partie intégrante de son groupe. La musique de Renata Rosa est un peu l'équivalent brésilien du blues nord-américain. L'un a grandi dans les champs de coton, l'autre dans ceux de canne à sucre. Le résultat est en tout cas splendide, et sa performance hier restera sans doute comme l'un des meilleurs concerts de l'année.
La seconde partie de la soirée était assurée par un autre groupe venu de Recife : Maciel Salu e O Terno do Terreiro. Mêmes traditions musicales que pour Renata Rosa, avec une démarche un tout petit peu plus modernisatrice, notamment due au guitariste-bassiste. La musique de Maciel Salu fait penser à celle d'un autre groupe phare de la tradi-modernité nordestine : Mestre Ambrosio. Pour le reste, l'instrumentation reste basée sur les percussions et le rabeca, joué par le leader, ainsi que par les riches effets vocaux polyphoniques du groupe. Franc succès auprès du public, qui dansait un peu dans tous les sens, mais dans un esprit très festif et communautaire (il y a même eu une ronde qui a entrainé une bonne partie de la salle sur un morceau). Les rappels ont donné l'occasion aux deux groupes de venir jouer ensemble, reprenant quelques chansons traditionnelles nordestines pour finir d'enflammer le public, complètement conquis par ces rythmes ruraux inédits sous nos tropiques. Une nouvelle très bonne surprise réservée par Banlieues Bleues.
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