Moniomania, le groupe du saxophoniste Christophe Monniot était hier soir sur la scène du Point Ephémère. Des musiciens présents sur le premier disque du groupe (Princesse fragile, Quoi de neuf docteur, 2002), il n'y en avait hier plus que deux : Christophe Monniot aus saxes (sopranino, alto et basse) et Emil Spanyi aux claviers. Mais le groupe était complété par François Verly à la batterie et aux tablas, Cécile Daroux à la flûte et surtout Marc Ducret à la guitare.
La présence de Ducret renforçait l'aspect jazz nerveux et électrique du groupe, donnant parfois des accents timberniens à l'ensemble. Christophe Monniot, égal à lui-même, mèle humour, influences les plus diverses (folklores, free, rock, reggae...), et transe fervente au sax. La complémentarité des univers des deux figures, signant à eux deux la totalité des morceaux joués hier, donnait une musique d'une grande énergie, mais ne s'épargnant pas des phases plus retenues. Voir Ducret en concert (c'était la deuxième fois en ce qui me concerne) apporte toujours une dimension supplémentaire par rapport au support discographique. Outre son look post-punk, il faut le voir jouer autant de son corps que de la guitare. Cela renforce incontestablement la fluidité et la beauté de sa musique, jusque dans ses heurtements et brisures mélodiques.
Les autres membres du groupe n'étaient toutefois pas en reste. Emil Spanyi, claviériste hongrois, est pour beaucoup dans le son d'ensemble du groupe avec ses grandes nappes électriques qui définissent l'atmosphère générale de la musique. Complice privilégié de Christophe Monniot, il cultive la même approche déjanto-humoristique d'un jazz ouvert aux autres influences. La flûtiste Cécile Daroux vient elle du classique et de la musique contemporaine. Son style tranchait d'ailleurs singulièrement avec l'habituel style jazz à la flûte. Enfin François Verly est un batteur élastique assez remarquable, y compris aux tablas, qui dynamisait efficacement le rythme de l'ensemble.
Le groupe a été rejoint pour le deuxième set par une chanteuse dont j'ai oublié le nom [edit : heureusement, une lectrice l'a retenu, elle. Il s'agissait donc de Cynthia Saint-Ville]. Son style s'apparentait aux voix que l'on peut entendre sur le dernier disque de Steve Coleman (Lucidarium, Label Bleu, 2004) ou sur Qui Parle ? (Sketch, 2003) de Marc Ducret : alternance de passages chantés et récités, d'onomatopées et de vocalises.
Au final, très bon concert, aux carrefours de nombreuses influences, avec ce "style Monniot" bien identifiable. Vraiment un musicien à suivre.
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