mardi 8 novembre 2016

Omer Avital Quintet @ Divadlo U Hasičů, lundi 7 novembre 2016

Du contrebassiste israélien Omer Avital, je connaissais un disque, son premier, enregistré il y a déjà quinze ans sur Fresh Sound New Talent (Think With Your Heart, 2001). Il se distinguait de la masse des productions du label espagnol, spécialisé dans la documentation de jeunes musiciens new-yorkais, autant par la qualité orchestrale du large ensemble réuni par le contrebassiste (neuf musiciens) que par son attachement aux mélodies du vaste monde. Et pourtant, malgré cette réussite inaugurale, je n'avais pas vraiment suivi les productions d'Omer Avital depuis. Son passage par le "théâtre des pompiers" de Prague était donc l'occasion de voir ce que donne sa musique aujourd'hui.

Il se présente à la tête d'un quintet à deux saxophones, tenus par Alexander Levin (tenor) et Asaf Yuria (tenor et soprano). La musique du groupe est un mélange de jazz post-coltranien, volontiers soulful et spirituel, comme une descendance croisée d'Horace Silver et de Pharoah Sanders, et de rythmes issus de différentes traditions extra-occidentales. Au fil du concert on a ainsi l'impression de se trouver successivement en Afrique du Sud, au Maroc ou au Proche-Orient, mais toujours avec un liant explicitement jazz, nourri de la fréquentation des clubs new-yorkais. C'est une musique qui prend tout son sens en concert tellement elle est faite pour entraîner le corps autant que l'esprit. Omer Avital danse d'ailleurs littéralement avec sa contrebasse-partenaire. Et les deux saxophonistes lui emboitent le pas en entremêlant leurs discours, jouant des possibilités du canon quand ils sont tous les deux au tenor, ou appuyant sur les contrastes quand soprano et tenor se répondent.

Si les musiciens prennent quelques solos, c'est surtout par le son d'ensemble particulièrement lyrique qu'il dégage dans les passages a tutti que le groupe brille. Le pianiste Eden Ladin est discret mais efficace, gorgeant ses interventions aussi bien au piano qu'au rhodes d'un esprit soul hérité des grandes heures du hard bop, avec quelques effets romantiques de-ci de-là. L'ensemble sonne ainsi comme un syncrétisme musical assez typique de la scène jazz israélienne, très attaché à la mélodie, au lyrisme et aux réalités rythmiques diverses d'une société diasporique ; tout en maintenant un lien évident avec le présent du jazz new-yorkais. Et, par dessus tout, leur musique communique une joie simple mais persistante, ce qui n'est pas si aisé à procurer.

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