jeudi 3 septembre 2015

Jazzfestival Saalfelden 2015, 2e jour (1/3), vendredi 28 août 2015

Donkey Monkey, Kunsthaus Nexus, 12h30

J'avais eu l'occasion de voir le duo Donkey Monkey (Eve Risser, piano, et Yuko Oshima, batterie) l'année dernière à Jazz à la Villette, mais augmenté du trio de souffleurs de Journal Intime. Cette fois-ci elles ne sont que toutes les deux, se faisant face, Eve à gauche et Yuko à droite. Le concert commence par deux longs morceaux-hommages (à Carla Bley et à György Ligeti) quand la suite est marquée par un format plus court, peut-être plus abstrait aussi. L'hommage à Carla Bley s'apparente à un collage baroque, nourri de références à Escalator Over The Hill jusque dans les paroles chantées en duo : les accords percussifs sur piano préparé précèdent de superbes mélodies majestueusement développées par Eve Risser, tout en dégageant beaucoup d'humour et de joie de vivre. L'hommage à Ligeti utilise le vocabulaire des études pour piano du compositeur hongrois : d'apparentes mécaniques virtuoses bien huilées, mais qui se dérèglent progressivement sous les coups de boutoir percussifs de Yuko Oshima. La suite du concert offre un bouquet de morceaux ayant pour thème commun les fleurs, où alternent poésie, échanges percussifs, délicates dissonances, et langues emmêlées. Le duo brille d'abord par l'originalité du propos - mais c'est surtout l'attachement à développer une matière sonore capable de susciter l'émotion qui s'impose au final.

All Included, à moitié flou

All Included, Kunsthaus Nexus, 14h00

La musique développée par ce quintet suédo-norvégien est caractéristique de l'écriture de son leader, le saxophoniste Martin Küchen. Déjà repéré à la tête des excellents Exploding Customer (en quartet), Trespass Trio et Angles (du sextet au nonet), il s'appuie sur un vocabulaire free-bop et un goût pour les hymnes - entre romantisme révolutionnaire et mélodies folkloriques. Alternant entre le sax alto (son écorché), la flûte (mélopées orientalisantes) et le sax ténor (sur la brèche), il donne beaucoup de "chair" à sa musique. Elle a quelque chose de profondément incarnée, très humaine, entre espoirs et douleurs. Accompagné par Thomas Johansson à la trompette (découvert au sein de Cortex, quartet tout aussi recommandé) et Mats Äleklint au trombone (également membre des ensembles Angles), il déploie de majestueux unissons qui donnent du relief aux morceaux en encadrant les solos rageurs des uns et des autres. Si Martin Küchen est le leader de l'ensemble, il partage en fait l'écriture des morceaux avec le contrebassiste, Jon Rune Strom, capable d'une rondeur puissante sur l'instrument tout en étant assez attaché à le faire chanter - bien au-delà du seul rôle rythmique qu'il partage avec le batteur Tollef Ostvang. Par ses références, l'ensemble ne manque d'évoquer Charlie Haden. Même goût des belles mélodies et de la liberté dans leur interprétation.

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