samedi 5 janvier 2008

Roland Pinsard, Benoît Delbecq, Emmanuel Scarpa @ Radio France, samedi 5 janvier 2008

J'étais cet après-midi à la Maison de la Radio pour l'enregistrement d'A l'improviste. Anne Montaron y recevait le clarinettiste Roland Pinsard accompagné de Benoît Delbecq et Emmanuel Scarpa. J'avais déjà pu voir ce dernier à plusieurs reprises au sein de Thôt Twin ou du trio qu'il forme avec Alexandra Grimal et Antonin Rayon, quant à Delbecq je ne compte plus le nombre de fois et de formations où je l'ai vu. Le clarinettiste était en revanche une découverte pour moi.

Les trois musiciens, suivant le principe de l'émission, ont improvisé en continu pendant cinquante minutes, avant de répondre à quelques questions d'Anne Montaron. La musique portait tout d'abord la patte bien distincte de Benoît Delbecq : son piano préparé dans les aigus évoque tour à tour les sonorités d'un gamelan ou d'une sanza, alors que son jeu délié sur la partie non-préparée du clavier possède un aspect à la fois liquide et vocal. Sonorités aiguës et mates, qui donnent le sentiment d'une énergie contenue, maitrisée, retenue. Emmanuel Scarpa s'est volontiers fondu dans cette esthétique, en préférant les cliquetis sur toutes sortes de percussions à la puissance d'une batterie conventionnelle, avec néanmoins sur la fin quelques séquences plus énergiques. Quant à Roland Pinsard, il cultive un son "à l'étouffée", parsemé de quelques éclats plus francs dans l'expulsion de l'air et de la note, qui s'accorde parfaitement avec la toile rythmique tissée par ses deux compagnons.

Malgré une unicité esthétique assumée, portée sur la subtilité des sons, les jeux sur les vitesses et les tensions (des pinces à linge sur les cordes du piano au désossement de la clarinette) permettaient un voyage en rien monotone à travers ce flux continu de près d'une heure. Les quasi-silences laissant juste échapper le feulement délicat à travers la clarinette basse de Roland Pinsard se juxtaposaient ainsi à des accélérations de Benoît Delbecq au clavier qui redynamisaient l'écoute. Ou, inversement, les explosions puissantes d'Emmanuel Scarpa à la batterie s'achevaient dans la finesse du son de balle de ping-pong du piano préparé.

Une bien jolie manière de démontrer l'étendu des possibles de la chose improvisée, bien loin des repères du free, avec l'affirmation d'un univers personnel à plus d'un moment poétique. Et un premier rendez-vous avec Benoît Delbecq en cette année 2008 qui s'annonce riche en occasions de le voir dans des contextes différents. Dans les semaines à venir, par exemple : le 5 février au sein de Pool Players dans le cadre de Sons d'hiver, le 9 février en duo avec Andy Milne à Radio France, le 23 février au sein du quartet d'Eric Plandé toujours à Radio France, ou encore le 10 avril avec Marcelline Delbecq pour le projet "Vert pâle" dans le cadre de Banlieues Bleues. Et même, en restant chez soi, sur le site de Sextant avec trois vidéos de concerts donnés en 2007 : avec Kartet à La Dynamo le 31 mai (j'y étais), avec Han Bennink au Sunside le 16 novembre, et en solo à nouveau à La Dynamo le 19 novembre (en pleine grève des transports, d'où mon absence...).

Sinon, l'émission sera diffusée le 16 janvier à 22h sur France Musique.

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