vendredi 19 octobre 2007

Alain Platel - vsprs @ Théâtre de la Ville, jeudi 18 octobre 2007

Sous ce titre un peu énigmatique se cache le dernier spectacle du chorégraphe flamand Alain Platel, des Ballets C. de la B., créé l'année dernière au Théâtre de la Ville, et qui y revient pour quinze jours cet automne. J'y étais hier soir.

Le titre fait référence aux Vêpres de la Vierge de Monteverdi, revues par Fabrizio Cassol, saxophoniste d'Aka Moon. Pour l'occasion, une chanteuse (Christina Zavalloni) et neuf musiciens interprètent sur scène la musique : les trois d'Aka Moon (vus récemment en clôture de Jazz à la Villette pour le concert-anniversaire de leurs quinze ans), l'ensemble baroque Oltremontano (deux sacqueboutes et deux cornets à bouquin) et deux musiciens roms, Tcha Limberger au violon et à la flûte et Vilmos Csikos à la contrebasse. La musique, malgré les différentes atmosphères abordées, trouve assez vite son unité, comme parcourue d'un bout à l'autre par une certaine tension spirituelle propice à l'élévation des corps. Et c'est d'ailleurs un spectacle en trois dimensions que proposent les dix danseurs présents sur scène. Le fond de la scène est en effet surmonté d'une montagne de vêtements immaculés qui sert de prétexte à des jeux d'escalade acrobatiques.

Danseurs ou circassiens, les membres des Ballets C. de la B. entremêlent les genres, d'hallucinants mouvements contorsionnistes en éructations spasmodiques de noms de super-héros (de Superman à Lassie chien fidèle). La musique se tait parfois, laissant les corps traversés de tremblements seuls en scène, comme dénudés, frappée d'une fragilité inquiétante. On pense souvent aux mouvements mi-automatiques mi-incontrôlés des aliénés mentaux, source d'inspiration avouée de Platel pour ce spectacle. Les transes africaines décrites dans le programme sont moins évidentes. Certains solos ont une grande force émotionnelle, quelques passages collectifs proposent de captivants mouvements désordonnés/réordonnés en instantané. Toutefois, la force de la danse semble s'épuiser au fur et à mesure que le spectacle avance, comme consumée de l'intérieur par une volonté de trop en faire. La fin est laborieuse, recourant de manière un peu systématique à quelques clichés éculés de l'art contemporain : la répétition ad lib., le mime sexuel avec sous-titres clignotants, l'épuisant épuisement de la musique et des gestes. Ma voisine lâchera même un retentissant "Mein Gott. Das is schlecht" avant de ne pouvoir contenir un fou rire et de lancer, en se levant, un définitif "ich kann nicht mehr".

La fin - interminable - gâche ainsi un spectacle pourtant assez captivant sur ses deux premiers tiers. On regrette que Platel n'ait pas su terminer plus tôt. L'œuvre y aurait certainement gagné en impact. Plus concentrée, resserrée, elle y aurait gagné un sens qui finit par se diluer dans un éclectisme trop éclaté.

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