samedi 17 juin 2006

Tony Malaby, Angelica Sanchez, Tom Rainey @ Duc des Lombards, mardi 13 juin 2006

Enfin ! Trois ans après l'avoir découvert un peu par hasard un soir au Sunside, Tony Malaby revenait donner de ses nouvelles comme leader dans la capitale, cette fois-ci au Duc des Lombards. Ça se passait mardi dernier, et j'y étais évidemment. Il y a trois ans, il s'était produit avec un trio sax-basse-batterie (Cameron Brown & Gerald Cleaver complétaient alors le casting). S'il était aussi en trio cette semaine, c'était accompagné par sa femme Angelica Sanchez au piano et par l'incontournable Tom Rainey à la batterie. Musique différente, jouant beaucoup plus sur le son et ses textures cette fois-ci, moins attachée au format thème-solo-thème, évoquant une poésie de la surprise.

Physiquement, il m'a semblé que le saxophoniste avait pris - encore - un peu de poids, ce qui en fait un colosse impressionnant par la taille et le volume. L'impression de puissance que son corps dégage se retrouve dans son jeu au ténor, à la palette très large. Il va quasiment de la texture du soprano à celle du baryton, en restant pourtant sur le seul ténor. Les cellules mélodiques sont assez courtes et s'enchevêtrent souvent dans son jeu, comme s'il jouait plusieurs morceaux en même temps. Son large champ d'expression le conduit de l'introspection quasi méditative aux limites de la transe, avec un engagement corporel de tous les instants. Son balancement rythme, étrange métronome, ses incantations, ce qui permet à Tom Rainey de proposer autre chose qu'un simple soutien rythmique. Sous ses coups et ses caresses, la batterie est un instrument très chantant, comme si c'était elle le véritable instrument leader d'un point de vue mélodique dans ce trio. En effet, au piano, Angelica Sanchez, propose un flux anguleux, rugueux, où les notes jouent sur la répétition et le décalage, comme pour introduire un peu de cette ugly beauty chère à Monk. On regrette d'autant plus les problèmes de réglages de la sonorisation qui écrasait bien souvent le jeu du piano dans les passages en trio, car c'est bien cet instrument qui apporte la plus grande part d'originalité et d'inouï à cet ensemble.

Malgré un public très peu nombreux (quel dommage !), les trois musiciens n'ont pas été avares dans leur musique et nous ont proposé trois sets à l'engagement constant. Le concert s'est achevé sur un blues délicieusement rentre-dedans et entêtant, comme pour souligner l'ancrage dans la tradition des formes libres qu'ils inventent. Tony Malaby est définitivement l'un de mes saxophonistes préférés du moment.

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