A l'invitation de Joëlle Léandre, une vingtaine de musiciens issus des musiques improvisées les plus radicales rendaient hommage au guitariste britannique Derek Bailey, disparu le 25 décembre dernier, vendredi soir aux Instants Chavirés. La soirée commençait par la projection d'un documentaire sur Derek Bailey et quelques performances solos au 994 m² (une annexe des Instants) à 19h, mais je n'ai pas pu y assister. J'ai en revanche assisté aux concerts qui se sont déroulés à partir de 20h30.
Les musiciens présents ont formé des groupes allant du duo au quintet, selon un tirage au sort, de sorte que chaque musicien participait à deux groupes. En tout, il y a eu quatorze groupes différents qui se sont succédés sur la scène de la salle de Montreuil. Beaucoup de musiques, beaucoup d'ambiances, beaucoup de directions, qu'il est difficile de retranscrire et résumer ici, d'autant plus que dans ce genre de performances, les repères auxquels se rattacher ne sont pas nombreux. Beaucoup de cordes, évidemment, avec des guitaristes, des contrebassistes, des violonistes ou la harpiste Hélène Breschand. Des percussions également, de l'électronique, l'accordéon de Pascal Contet, quelques soufflants (sax et trombones), et des formules orchestrales variées et surprenantes, devant tout au hasard. Parmi tout cela, je retiendrai l'excellent duo au féminin entre Joëlle Léandre et Hélène Breschand, avec la contrebassiste chantant, éructant, et tenant des propos rigolos, et la harpiste jouant avec un archet et oscillant constamment entre les aigus et les graves. Noël Akchoté poussant sa guitare électrique au maximum de ses capacités, accompagné par le batteur Roger Turner (vu cet été à Londres avec Phil Minton) à la frappe sèche et violente, et un bidouilleur de son aux machines électroniques, qui poussait des cris déchaînés, fut un autre grand moment. Les retrouvailles avec Hasse Poulsen ou Raymond Boni, vus tous les deux lors de la récente édition de Banlieues Bleues, ou encore la présence de Barre Phillips étaient également des motifs de réjouissance. Si d'autres noms m'étaient connus, j'avais en revanche parfois du mal à discerner qui était qui - ne connaissant pas le visage de tout le monde - et ce d'autant plus que les musiciens n'étaient ni annoncés, ni désannoncés. J'ai quand même eu la surprise de retrouver, outre Roger Turner, le guitariste John Russel vu lui aussi à Londres cet été avec Phil Minton. En bref, beaucoup de bonnes choses, pour un bien bel hommage à l'un des personnages essentiels des musiques improvisées, que l'on pourra d'ailleurs (ré)entendre sur France Musique le 9 juin à 15h dans Prima la Musica, puisque Anne Montaron était là avec quelques techniciens pour enregistrer le concert. Je serais curieux de connaître l'audience d'un tel programme diffusé en plein après-midi !
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