Une fois n'est pas coutume, voici un peu de jazz vocal sur ce blog. Annoncé avec un quartet comprenant Dave Douglas et Joey Baron, le concert de Patricia Barber hier soir à l'Espace Carpeaux de Courbevoie m'avait tenté sur le papier bien que je ne connaisse que d'assez loin cette chanteuse chicagoane, juste entendue ça et là à la radio ou à la télé.
Contrairement à ce qui était indiqué, ni Dave Douglas ni Joey Baron n'étaient présents. En lieu et place on trouvait les habituels accompagnateurs de Patricia Barber, à savoir Neal Alger à la guitare, Michael Arnopol à la basse et Eric Montzka à la batterie. Déception évidente pour commencer. Je pouvais certes difficilement présumer du jeu de musiciens qui m'étaient inconnus, mais l'absence des deux monstres sacrés du jazz contemporain provoquait une certaine frustration. Mais bon, puisque j'étais là, autant profiter de l'occasion pour découvrir Patricia Barber et son groupe. Et, pour tout dire, la surprise fut plutôt bonne. Avant d'être chanteuse, Patricia Barber est pianiste, et vraiment douée. Les parties vocales et instrumentales s'équilibraient bien tout au long du concert. Le concert a ainsi débuté par un morceau purement instrumental, au swing contagieux, bien straight ahead. Puis, prenant le contrepied, Patricia Barber enchaine sur une adaptation d'un poème de Verlaine, Dansons la gigue, qu'elle chante en français. Et là, on sort du jazz mainstream habituel des chanteuses à la mode pour découvrir une palette assez large de combinaisons sonores, avec des passages à l'économie vraiment beau, comme une sorte de blues blanc minimaliste, et des incursions dans les rythmes binaires du rock plus enlevées, qui provoquent un regain d'attention du public. La voix de Patricia Barber n'est en rien apprêtée, elle ne cherche pas à prolonger la note ni à faire étalage de sa technique vocale, mais juste à communiquer le plus simplement ses sentiments. Son timbre assez grave donne parfois des aspects un peu fantômatiques à son interprétation, notamment quand l'accompagnement musical se fait plus retenu. Entre compositions personnelles et reprises de stantards du jazz (Dizzy Gillespie) et de la pop (Black Magic Woman de Santana), Patricia Barber dresse en fait une cartographie très personnelle du jazz vocal, un peu aux marges de ce genre - ce qui est plutôt pour me plaire. Ses musiciens sont à l'unisson, avec même un batteur, Eric Montzka, qui vaut le détour, entre swing ternaire, rock binaire et percussions afro-latines. Belle découverte.
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