Troisième et dernier concert dans le cadre du festival Sons d'hiver hier soir pour moi cette année. Comme la veille, ça se passait à la Maison des Arts de Créteil, et comme la veille, ce fut très bon. En cette année du Brésil en France, le festival s'achevait sur deux concerts mettant en lumière des musiciens de ce pays. Tout d'abord le chanteur-guitariste carioca Seu Jorge, suivi du percussionniste new-yorkais Cyro Baptista.
Seu Jorge est considéré comme la révélation de l'année 2004 par quelques médias fouineurs bien inspirés (Nova, Vibrations...). Plus encore que son très bon premier disque distribué en France (Cru, Naïve, 2004), ce sont ses concerts qui lui vallent cette réputation. A la vue de sa performance d'hier, je comprends pourquoi désormais. Le chanteur était accompagné pour l'occasion de trois percussionnistes (qui jouaient aussi parfois du cavaquinho), d'un bassiste et d'un flûtiste. Dès le premier morceau, "Mania de Peitao", le ton était donné. Voix chaude et expressive, rythmes endiablés, et mélodies accroche-coeur. Succès assuré auprès du public, qui ne s'est pas démenti pendant toute la durée du concert. Après trois morceaux sur le même tempo élevé, Seu Jorge se sépare momentanément de ses musiciens pour une très belle ballade en compagnie d'une chanteuse, suivi d'un morceau en solo, lui aussi dans un climat plus intimiste. Avec le retour de son groupe par la suite, la musique s'est faite plus dansante, puisant aussi bien dans le répertoire samba que dans le rock, se faisant en quelque sorte le digne héritier de Jorge Ben, mais également capable de belles ballades dans la lignée de Caetano Veloso. Sa présence scènique démontre ses talents d'acteur qu'on a d'ailleurs déjà pu apprécier au cinéma dans La Cité de Dieu (c'est lui qui tient le rôle de Manu). On devrait le retrouver très prochainement sur les écrans dans La vie aquatique où il partagera l'affiche avec Bill Murray et sera responsable de la BO : des reprises de Bowie en portugais ! En attendant, le public de Sons d'hiver lui a réservé une ovation assez exceptionnelle, et méritée, à l'issue de sa prestation. Il a tout pour devenir une star, ce qu'il est déjà au Brésil.
Le second concert, bien que lui aussi brésilien, était assez différent. Cyro Baptista, percussionniste vivant à New York, partenaire de longue date de John Zorn (par exemple dans l'Electric Masada), présentait son propre groupe, très percussif. Avant même que les musiciens n'arrivent sur scène, l'installation des instruments surprenait. On retrouvait des tuyaux de goutière cotoyant un berimbau, une percussion en forme d'arbre de Noël à côté d'un extincteur d'incendie, différents tambours et caisses en plastique. L'irruption des musiciens sur scène fut tout aussi délirante. Habillés dans des tenues plus kitch les unes que les autres, et faisant tournoyer des tuyaux en l'air, ils semblaient complètement fous. S'installant ensuite à leurs différentes percussions, les sept musiciens ont commencé leur démonstration faussement délirante. Car, si en apparence ils ressemblent à des clowns (perruques, chapeaux, chemises à fleurs...), leur maîtrise des percussions les plus improbables est incroyable. A la fois très pensée et laissant place à l'improvisation débridée, leur musique se fait rapidement passionnante. Outre les percus, le groupe utilise également guitare électrique, mélodica, clavier et batterie. Ou, comme dans un étonnant numéro de claquettes de la part de la japonaise du groupe, leurs propres corps. Au milieu de cette avalanche de rythmes, on croise ici ou là des bribes de mélodies douces typiquement brésiliennes, mais aussi, Downtown Scene oblige, des citations en tous genres. L'art du zapping percussif à son plus haut point ! Le morceau interprété en rappel fut un bel exemple de l'esprit qui anime la troupe. Ecrit par Cyro Baptista pour s'aider à arrêter de fumer, il disait grosso-modo en portugais, anglais et japonais : "je vais arrêter de fumer pour pouvoir t'embrasser sans une bouche en forme de cendrier". Tout un programme...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire