Radical. Et le mot est faible. La Bible évoque les trompettes de l'Apocalypse. Elle se trompe. Il s'agit en fait de saxophones. Ceux d'Akosh Szelevényi. Le concert d'hier soir au Point Ephémère est sans doute musicalement l'un des plus extrêmes auxquels j'ai pu assister. Akosh S (saxes ténor et soprano, clarinette basse, clarinette métal, flûtes...) se produisait en duo avec le turntablist Erik M qui officiait également aux samplers et autres machines électroniques. Erik M pousse l'art de manier les platines à son point extrême, penchant plus du côté de la musique bruitiste que du scratch et du groove habituels des turntablists. Akosh, quant à lui, nous a offert son penchant le plus free. Une approche mélodique réduite au minimum, priviligiant l'aspect expérimental de son jeu. Mais, malgré cette approche qui peut sembler peu engageante, le concert fut une vraie réussite.
Erik M est constamment inventif dans son maniement des platines et des instruments électroniques. Pas un mouvement, un rythme, un bruit, qui se répète. Le sampling en direct d'Akosh lui permet de doubler le souffle tellurique du Hongrois. L'utilisation des propres disques d'Akosh sur ses platines, mais aussi d'un piano free ou de musique de western donne quelques points de repère au milieu du magma bruitiste qu'il concocte. Et Akosh, même en privilégiant l'aspect le plus destructuré de son jeu comme hier, reste profondément ancré dans les mélodies traditionnelles de la grande plaine hongroise. On retrouve ainsi ici ou là une phrase, une courte mélodie plaintive, des rythmes, qui ont fait sa réputation au-delà de la sphère des free-addicts. Son utilisation de la clarinette métal, notamment, accentue cette dimension.
Au final, cette musique reste quand même assez éprouvante, et on ne sait ainsi plus trop si, quand on sort du concert, les courbatures sont dues à la position debout ou à la décharge sonore reçue. Une expérience vraiment extrême.
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