Le trompettiste Stéphane Belmondo est déjà un nom bien connu des amateurs de jazz. Pourtant ce disque est tout simplement le premier qu'il publie sous son propre nom, ou plus exactement sous son seul prénom. Après de nombreux albums co-signés avec son frère Lionel, saxophoniste, sous le vocable "Belmondo", Stéphane se lance donc à la tête d'un quartet magnifique d'équilibre composé de Paul Imm à la contrebasse, Laurent Robin à la batterie et surtout Eric Legnini impeccable de bout en bout au piano.
Comme son titre le suggère, la thématique du disque est exclusivement composée de morceaux de Stevie Wonder. Pari audacieux, tant il serait facile de se laisser enfermer dans les "codes" soul ou R'n'B pour coller au caractère afro-américain de la musique du pensionnaire de la Motown. Mais Stéphane Belmondo réussit là une relecture en tout point exemplaire de l'oeuvre du soulman : il réussit à mettre en lumière à la fois le talent de compositeur de Stevie Wonder et son propre talent d'arrangeur et d'interprète. La musique de Stevie Wonder est beaucoup plus riche et référencée qu'il n'apparaît à la première écoute tellement ses mélodies limpides semblent "faciles" à l'auditeur. Mais cette facilité n'est pas due à une quelconque simplicité, plutôt à une grande connaissance de la musique, aussi bien afro-américaine (échos des suites exotiques de Duke Ellington, notamment sur l'étonnant "The secret life of plants") que classique européenne. La relecture offerte ici par Stéphane Belmondo rend amplement justice au Stevie Wonder compositeur. Le choix de morceaux peu connus du soulman permet d'ailleurs d'éviter l'écueil d'un ravalement "jazzy" des tubes de l'Américain.
Le jeu de Stéphane Belmondo à la trompette et au bugle (voir au coquillage, à la manière de Steve Turre) est d'une merveilleuse précision, se posant délicatement sur les rythmes inspirés du bop de la paire rythmique et le swing jamais démenti d'Eric Legnini au piano. De plus, quand Stéphane est là, Lionel n'est jamais loin. Outre les morceaux en quartet, le disque propose donc également cinq morceaux avec des arrangements de cuivres signés Lionel enregistrés en re-recording, qui accentuent encore la finesse des mélodies. Enfin, pour ne rien gacher, le design de la pochette (format digipack) est un modèle du genre. Un bien bel objet, sonore et visuel.
Stéphane Belmondo : Wonderland, B-Flat Recordings, 2004
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